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LA


SOCIETE AMERICAINE


ET


LES PARTIS DE L'UNION EN 1850.




La nation américaine est l’unique société au monde de qui l’on puisse dire avec vérité qu’elle marche toute seule. C’est là ce qui la distingue profondément des nations européennes et nous rend son existence et son développement si difficiles à bien comprendre. Qu’on prenne tel pays d’Europe que l’on voudra, il est impossible d’en étudier la situation matérielle ou politique sans retrouver dans chacun des élémens de sa puissance l’initiative et l’action de son gouvernement. Cela est vrai même de l’Angleterre, le pays d’Europe où ce qu’on appelle la centralisation administrative a le moins pénétré, et où la plus grande latitude est laissée aux efforts individuels. Le gouvernement des États-Unis est étranger à tout ce qui se fait ou se prépare autour de lui : il ne s’occupe pas des travaux publics, et aucun pays ne compte plus de canaux que les États-Unis, ni plus de chemins de fer, ni plus de services de bateaux à vapeur, ni plus de lignes télégraphiques. Le gouvernement américain ne peut disposer d’un dollar en faveur d’une église, et nulle part les ministres du culte ne sont si bien payés, nulle part les diverses communions chrétiennes n’ont des églises plus nombreuses et des établissemens mieux dotés. L’agriculture et le commerce n’ont à attendre des pouvoirs publics ni des primes, ni des récompenses, ni même des distinctions honorifiques, et leurs progrès sont