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la Rochelle, leur fit perdre successivement toutes les garanties politiques et militaires dont les avait dotés l’édit de Nantes.

La guerre civile, dont les remontrances du parlement étaient le prétexte, se termina sans autre fait d’armes que des marches de troupes et de grands pillages commis par les soldats des princes révoltés. Dans le traité de paix conclu à Loudun et publié sous la forme d’un édit, il fut statué que l’arrêt de suppression des remontrances demeurerait sans effet, que les droits des cours souveraines seraient fixés par un accord entre le conseil du roi et le parlement, que le roi répondrait sous trois mois aux cahiers des états-généraux, et dans le même délai au fameux article du tiers-état sur l’indépendance de la couronne[1]. Mais toutes ces stipulations d’intérêt public restèrent en paroles, il n’y eut d’exécuté que les clauses secrètes qui accordaient aux chefs de la révolte des places de sûreté, des honneurs et six millions à partager entre eux. Ainsi satisfaits, les mécontens se réconcilièrent avec leurs ennemis de la cour, et les choses reprirent le même train de désordre et d’anarchie qu’auparavant. Le pouvoir divisé et annulé par les cabales qui se le disputaient ; une sorte de complot pour ramener la France en arrière au-delà du règne de Henri IV ; des tentatives qui faisaient dire aux uns avec une joie folle, aux autres avec une profonde affliction, que le temps des rois était passé, et que celui des grands était venu[2] ; la menace toujours présente d’une dissolution administrative et d’un démembrement du royaume par les intrigues des ambitieux unies à celles de l’étranger : voilà le spectacle qu’offrit au milieu de ses variations, le gouvernement de Louis XIII, jusqu’au jour où un homme d’état marqué dans les destinées de la France pour reprendre et achever l’œuvre politique de Henri-le-Grand, après s’être glissé au pouvoir à l’ombre d’un patronage, s’empara de la direction des affaires de haute lutte, par le droit du génie.

Le cardinal de Richelieu fut moins un ministre, dans le sens exact de ce mot, qu’un fondé de pouvoir universel de la royauté. Sa prépondérance au conseil suspendit l’exercice de la puissance héréditaire, sans que la monarchie cessât d’exister, et il semble que cela ait eu lieu pour que le progrès social, arrêté violemment depuis le dernier règne, reprît sa marche par l’impulsion d’une sorte de dictateur dont l’esprit fût libre des influences qu’exerce sur les personnes royales l’intérêt de famille et de dynastie. Par un étrange concours de circonstances, il se trouva que le prince faible, dont la destinée devait être de prêter son nom au règne du grand ministre, avait dans son caractère, ses instincts, ses qualités bonnes ou mauvaises, tout ce qui peut

  1. Voyez l’édit donné à Blois au moi de mai 1616. (Recueil des anciennes lois françaises, t. XVI, p. 82).
  2. Mémoires de Sully, collection Michaud, deuxième série, t. II, p. 388.