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ESPAGNE ET ANGLETERRE.




Je n’ai point cherché à établir un parallèle entre ces deux pays. Ce parallèle ou plutôt ce contraste s’est offert à moi de lui-même. Je venais de visiter l’Espagne. Cet état de l’ame, naturel après un grand malheur, qui vous pousse en avant parce qu’on craint le retour, le fit monter à Cadix sur un bateau à vapeur qui partait, pour Lisbonne, et qui, de Lisbonne, me conduisit à Southampton. Ainsi je fus, sans dessein, transporté brusquement du sud de la Péninsule en Angleterre. Jamais, dans mes différens voyages, aussi soudaine et aussi complète opposition ne m’avait frappé. Ai-je dû à ce hasard de sentir plus vivement le caractère de deux pays si contraire, comme on apprécie mieux l’intensité de deux couleurs diverses par leur juxtaposition ? je ne sais ; mais j’ai cru bien faire en consacrant quelques pages à reproduire l’impression que j’ai ressentie de cette diversité ; peut-être en jaillira-t-il un jour plus vif sur la nature des deux contrées et des deux peuples, et les observations que leur étude m’a suggérées emprunteront-elles à ce contraste quelque nouveauté.

Avant le contraste, un mot sur les ressemblances. Elles ne sont pas nombreuses ; mais on ne doit pas les omettre, si l’on veut être vrai.

L’Espagne et l’Angleterre sont isolées de l’Europe, celle-ci par l’Océan, celle-là par les Pyrénées ; mais l’Océan rapproche encore plus