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DES


LETTRES DE CICERON


A PROPOS


DE LA REVOLUTION DE FEVRIER.




Depuis soixante ans, l’histoire d’Angleterre a fourni seule à la France toutes les comparaisons, toutes les allusions de la politique : jusqu’à ces derniers temps, en effet, les révolutions des deux pays offraient les traits les plus singuliers de ressemblance ; notre histoire paraissait suivre pas à pas celle de nos voisins. On peut dire que la conscience, de ces rapports, les rapprochemens hardis offerts par la tribune et par la presse à l’imagination populaire, furent pour beaucoup dans la chute de la restauration et dans l’établissement de la monarchie de juillet. Comme l’Angleterre, la France avait fait monter son roi sur l’échafaud ; comme l’Angleterre, elle avait traversé l’anarchie et la dictature pour arrivera une restauration, — et voilà que, suivant jusqu’au bout la ressemblance fatale, la restauration fléchissait aussi sous le poids de fautes inévitables : c’est alors que la polémique ardente des partis, poursuivant jusqu’au bout le parallèle, appela, prophétisa, provoqua une seconde et pacifique révolution, qui devait, comme en Angleterre, substituer un rameau d’une sève plus verte et plus jeune à l’antique chêne sous lequel la France s’abritait depuis tant de siècles.