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est plus abondant sans aucun doute, aussi original et plus digne’de, remarque que chez la plupart des peuples de l’Europe moderne. La poésie, le roman, la critique même, ont su produire des travaux, des essais dignes d’attention. Ce qui a manqué jusqu’ici au-delà des Pyrénées, ce sont plutôt des livres d’une utilité directe, pratique, usuelle, renfermant des renseignemens sûrs, des données certaines sur le pays, sur ses intérêts, sur son industrie, sur son organisation administrative. Ce sont des œuvres de peu d’ambition auxquelles l’esprit espagnol semble ne se prêter que difficilement, et qui ont pourtant de l’intérêt non-seulement pour les Espagnols eux-mêmes, mais aussi pour les étrangers, habituellement peu ou point informés de ces détails matériels. À vrai dire, ces enseignemens utiles, ces documens statistiques, ces notions usuelles, que nous voudrions voir divulgués par des ouvrages sans prétention, le gouvernement lui-même les possède-t-il ? Il en a manqué trop souvent jusqu’à ces derniers temps ; les élémens de désordre, si multipliés en Espagne autrefois, suffisaient à expliquer son ignorance ; les révolutions prolongées l’expliquent encore aujourd’hui. C’est cette absence de renseignemens certains qui a rendu si laborieuses, si peu sûres, si vaines parfois, les tentatives diverses accomplies pour la réorganisation administrative, pour l’organisation nouvelle d’un système d’impôt que M. Mon n’a pu mener à bout qu’à force de ténacité, de persistance, et en soulevant contre lui des animosités de plus d’une sorte. Jusque-là, le plus souvent on spéculait dans le vide, en mettant des conjectures à la place des réalités. On décrétait des organisations sur le papier, et ces organisations rencontraient un obstacle invincible dans les faits ; le chiffre même de la population est encore mal connu en Espagne ; on ignore dans quelle proportion elle a pu s’accroître. On peut faire des calculs de probabilité à ce sujet, raisonner par à peu près et rien de plus. Il règne, depuis quelque temps, au-delà des Pyrénées, une certaine émulation à combler ces lacunes regrettables ; il faut surtout citer les travaux de M. Madoz. Quant à M. Mellado, son Espagne géographique et statistique réunit assez de renseignemens pour offrir un certain intérêt d’utilité publique : c’est un tableau fort étendu de la Péninsule, province par province. La plus petite localité n’est point oubliée dans la description géographique de M. Mellado. L’auteur y joint le chiffre de la population, autant qu’on peut l’obtenir, la quantité des impôts perçus dans chaque circonscription, l’indication des industries locales, le détail des produits de la terre, etc., etc. Il peut s’être encore glissé plus d’une erreur dans le travail de M. Mellado, ce n’en est pas moins un inventaire utile auquel l’auteur a cru devoir ajouter l’agrément de quelques illustrations qui s’allient assez bien avec la nature géographique de l’ouvrage. Un livre de ce genre est dans tous les cas une de ces tentatives à encourager dans un pays où ce qui fait défaut le plus souvent, c’est un certain fonds de connaissances pratiques, de renseignemens usuels, essentiels dans toutes les positions.




V. DE MARS.