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en se distribuant les rôles. De là le soulèvement du Holstein et la guerre.

La question était d’abord purement féodale. L’esprit révolutionnaire s’y est mêlé depuis, dans le Holstein du moins. Les Danois du Schleswig ont donné à leur gouvernement les preuves les plus positives de leur soumission et de leur dévouement. Aux termes du dernier armistice, pendant que les négociations se poursuivent avec lenteur, des troupes suédoises occupent, on le sait, le nord du Schleswig, et, sur ce point, le Danemark n’a rien à craindre : sur ce terrain, la paix reste profonde ; mais il n’en est pas de même dans le midi, parmi les Allemands des deux duchés. La présence des troupes prussiennes a fortifié là le parti germanique, et l’esprit d’insurrection y conserve toute sa force et toutes ses espérances. Bien mieux, l’administration étant ainsi désorganisée dans le Holstein, ce duché ayant paru présenter aux agitateurs allemands une sécurité qu’ils ne trouvaient pas ailleurs, la démagogie y a établi l’un des foyers de sa propagande. Le duc d’Augustenbourg se trouve donc singulièrement dépassé. Il s’est trop tôt réjoui des révolutions de Paris, de Berlin et de Vienne. Il lui fallait, sans doute, une secousse assez puissante pour soulever les passions de l’Allemagne contre le Danemark, et briser l’unité de ce royaume ; mais il ne fallait pas que le mouvement, en rapprochant les deux duchés de l’Allemagne, fût de nature à donner une impulsion trop forte à l’idée d’unité germaniques Cette idée, sans être, près de triompher, est menaçante pour la souveraineté que le duc ambitionnait. Dans l’hypothèse où le duché de Schleswig-Holstein deviendrait indépendant, il ne pourrait donc plus offrir au duc d’Augustenbourg la perspective d’un pouvoir bien assuré ni bien durable. Ainsi le promoteur de la révolte du Holstein serait puni par son propre succès. Il ne posséderait que l’ombre de l’état dont il a si long-temps rêvé la conquête. Toutefois nous avons l’espoir qu’il n’aura pas même cette consolation. Bien que l’on attribue au gouvernement français l’intention d’entrer en rapports plus étroits avec la Prusse, nous pensons que la France, ramenée à un sentiment plus vrai de ses intérêts, restera unie à l’Angleterre, à l’Autriche et à la Russie pour sauvegarder l’intégrité du Danemark, et que ni la Prusse, ni la dérnagogie allemande, ni le duc d’Augustenbourg, ne prévaudra contre cette alliance.


España geografica, historica, estadistica y pintoresca, por don F. de Mellado.[1] - L’Espagne, nous ayons essayé de le démontrer plus d’une fois par des exemples, a retrouvé depuis assez long temps ce mouvement de la vie littéraire qu’on s’était accoutumé à considérer comme suspendu dans son sein. L’imagination surtout a repris son essor, s’est retrempée à ses sources ; il y a eu comme un travail profond, d’où elle est sortie aussi active que jamais, et avec les ressources nouvelles que lui offraient les élémens confus d’une époque agitée. Les richesses lyriques ne sont guère moindres en Espagne que dans les autres pays durant la période récente que nous avons traversée. Le théâtre

  1. Madrid, 1849.