fait pour cette réhabilitation du gouvernement et des influences parlementaires que nous aimons à signaler dans cette quinzaine : non pas que nous ayons jamais pensé que le gouvernement parlementaire était perdu ; il ne s’agit, dans notre pensée, que de ces oscillations de crédit et de discrédit qu’ont toutes les institutions humaines, grace au bon ou au mauvais usage qui s’en fait. Ces oscillations ne sont pas des révolutions, grace à Dieu ; elles sont pourtant des symptômes qu’il est bon d’étudier et de signaler.
Après avoir indiqué l’effet. général de cette discussion, venons à ses effets particuliers, et disons quelques mots de cette grande question de l’instruction publique, qui préoccupe beaucoup et qui cependant ne préoccupe pas encore autant qu’elle devrait le faire ; mais nous savons bien à quoi tient cette indifférence relative. Elle tient à ce qu’ayant une sorte d’anxiété générale, nous avons de la peine à avoir une sollicitude particulière sur quelque chose. La question de l’instruction publique touche à ce que nous appelons les grands et lointains avenirs de la société : or il y a un avenir plus prochain et je dirais volontiers plus présent, qui nous tient en éveil, et c’est l’incertitude de cet avenir prochain qui nuit à la sollicitude de l’avenir lointain.
Les diverses pensées qui, dans cette grande question, partagent l’assemblée et le pays, se sont exprimées librement dans la première délibération, et nous savons déjà à quoi nous en tenir sur les intentions des principales nuances de la majorité.
Dans cette question, tous les orateurs veulent la conciliation dans le présent et dans l’avenir ; mais la plupart réservent leurs rancunes du passé, et ils s’en font un petit titre d’honneur auprès de leurs partisans. Cela fait qu’avec des orateurs qui avaient tous la prétention d’être des conciliateurs, il n’y a eu que peu de discours vraiment concilians. Les conclusions étaient à la paix ; mais les considérans se sentaient de la guerre. M. l’évêque de Langres est celui qui a pris le plus lestement cette situation intermédiaire entre la paix et la guerre, bénissant d’une main, réprouvant de l’autre. Par malheur, c’est la main politique qui bénit et la main évangélique qui réprouve. M. l’évêque de Langres est de ceux qui croient que l’Université a fait tout le mal dont nous souffrons. Il n’y a pas un des malheurs, pas une des fautes, pas une des faiblesses de notre siècle qu’il n’impute à l’Université. C’est une triste liquidation assurément que celle des fautes et des malheurs de nos jours ; mais est-ce l’Université qui est seule coupable ? n’y a-t-il que l’Université qui enseigne et qui prêche dans le pays ? Il y a partout une école, dites-vous ; oui, mais il y a partout aussi une Chaire. L’enseignement moral de la population n’est pas remis seulement aux maîtres des diverses’ écoles ; il est remis aussi au clergé. Qu’a fait le clergé pour empêcher le mal ? Le clergé existe depuis le concordat ; les maîtres d’école n’existent que depuis 1833. Pourquoi ne demander compte de l’état moral du pays qu’à l’Université ? Pourquoi n’en pas aussi demander compte au clergé ? mais il y a surtout quelqu’un à qui on oublie toujours de demander compte de cet état et qui doit être mis sur la sellette, quelqu’un qui aime mieux accuser les autres que de s’accuser soi-même ; ce quelqu’un est tout le monde. Oui, c’est la société elle-même qui est coupable des maux dont elle souffre et dont elle se plaint. C’est la société elle-même tout entière qui devrait faire sa