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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 janvier 1850.

Nous nous félicitons d’avoir toujours prêché l’union du président et de la majorité de l’assemblée, et même d’y avoir toujours cru. C’est difficile, nous disions-nous, parce que la constitution ne s’y prête pas ; mais c’est encore plus nécessaire que ce n’est difficile, et c’est là ce qui nous a toujours rassurés. Nous n’avons jamais cru aux bruits qui se répandaient d’une scission profonde entre le président et la majorité ; nous n’avons jamais pris au sérieux les boutades que nous lisions çà et là. Cela veut-il dire que nous pensons qu’une paix béate et parfaite a toujours régné et régnera toujours entre le président et l’assemblée ? Non assurément : il n’y a pas de bon ménage qui n’ait ses froideurs ; mais la réconciliation est inévitable, quand la séparation est impossible. Entre le président et l’assemblée, le divorce n’est pas de mise. Cela fait que nous sommes décidés à prendre avec beaucoup de sang-froid les rumeurs qui ne manqueront pas de se répandre de temps en temps sur les querelles de l’union. Ce qu’on a dit il y a trois semaines, ce qu’on ne dit plus depuis huit jours, on le redira, nous en sommes sûrs, dans un mois ou deux. Nous nous en soucierons peu.

Ce qui fait l’union en politique, ce n’est pas d’avoir les mêmes amis, mais d’avoir les mêmes ennemis. Or, il est évident que le président et la majorité de l’assemblée ont les mêmes ennemis. Ce qui menace le président menace l’assemblée, ce qui menace l’assemblée menace le président. Si le président et l’assemblée se séparaient l’un de l’autre, la démagogie pourrait leur faire tour à tour des avances ; mais ce serait pour les détruire l’un par l’autre, car elle