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John Russell, nous ne croyons pas que cet événement, s’il arrivait, dût avoir pour conséquence nécessaire le rétablissement des droits sur le blé. Il nous paraît que la grande propriété se sert de l’agitation actuelle pour se reconstituer à l’état de parti politique considérable ; il n’est pas douteux qu’elle usera de la puissance qu’elle reconquiert peu à peu pour imposer des mesures favorables à l’agriculture ; mais elle renoncera tôt ou tard à réclamer la protection directe par voie de droits d’entrée. D’un autre côté, il est évident que la situation actuelle ne peut se prolonger sans ruiner les agriculteurs anglais, et personne ne peut plus songer à regarder comme accidentelle et passagère l’affluence des grains étrangers sur les marchés anglais. Les illusions sincères ou affectées des free-traders à ce sujet sont dissipées ; ils sont les premiers à convenir qu’il ne faut plus s’attendre à ce que le prix du blé dépasse en moyenne 40 ou 45 shillings. Comment viendra-t-on en aide à l’agriculture ? On lui fera, sans nul doute, un certain nombre de concessions, on supprimera quelques-unes des charges qui pèsent sur elle ; il est question d’abolir, cette année, le droit sur le houblon, droit fort onéreux aux agriculteurs des comtés de lent, de Surrey et de Middlesex ; on allégera ou on répartira mieux un certain nombre de taxes. Toutefois le véritable et décisif remède sera l’abaissement des fermages. Il ne faut pas s’y tromper, toutes les dissertations des journaux et des orateurs whigs ou peelites sur les progrès réalisables en agriculture, et sur la possibilité de produire sans perte du blé à 40 shill. le quarter, ne sont que de mensongères déclamations et des paroles perdues. M. Cobden, M. Bright, le colonel Thompson, ont été plus francs ; quoiqu’il dût leur coûter de tenir un pareil langage et de renier leurs utopies d’autrefois, ils n’ont point hésité à prendre les propriétaires à partie et à les désigner comme les victimes nécessaires du changement qui s’accomplit. « On cherche, disait M. Cobden à Bradford, à établir entre la propriété et l’agriculture une solidarité fictive. Ce n’est point un grand intérêt national qui est en péril, c’est le revenu des propriétaires. L’agriculture et les agriculteurs sont également désintéressés dans la question, les propriétaires seuls sont atteints, qu’ils sachent s’exécuter. Que la question soit vidée au sein ou en dehors du parlement, c’est une affaire à régler entre fermiers et propriétaires. La terre est la matière première de l’industrie agricole ; les tenanciers sont aujourd’hui en perte, parce qu’ils paient pour la terre un loyer trop élevé : qu’ils obligent les propriétaires à leur donner la matière première à bon marché, qu’ils les contraignent à rabaisser leurs fermages. » On objectait au colonel Thompson que les fermiers étaient liés envers les propriétaires par des baux à longues échéances, et que ceux-ci avaient droit à une indemnité pour la perte qu’on leur imposait. « Qu’ils viennent, répondit-il, parler d’indemnité, et nous parlerons