parti tory. L’Irlande entière ne compte pas autant d’électeurs que le seul district ouest du comté d’York, qui élit M. Cobden. En augmentant considérablement le nombre des électeurs, on a chance de faire perdre à l’aristocratie protestante une bonne partie des collèges irlandais, dont elle dispose souverainement sous le régime de la loi actuelle ; mais la grande question est de savoir si aucune tentative ne sera faite pour modifier en Angleterre la répartition des collèges. Lors de la première réforme, on enleva le droit de nomination à une foule de villages où quatre ou cinq électeurs quelquefois élisaient un député, pour le transporter à des localités considérables qui n’étaient pas représentées. C’est ainsi que Manchester et Liverpool acquirent le droit d’élire deux députés ; mais le même privilège fut attribué à vingt-quatre villes peu importantes, situées presque toutes dans les comtés agricoles, et où les tories exercent une grande influence. Les radicaux, qui demandent le suffrage universel, demandent en même temps que la représentation soit réglée sur le chiffre de la population ils se plaignent que le comté de Buckingham, avec 180,000 habitans, ait onze députés, tandis que la ville de Manchester, qui compte 250,000 habitans, et paie à elle seule deux fois autant de taxes et de contributions que tout le comté de Buckingham, n’a que deux représentans. Il est certain que la répartition des députés d’après la population aurait pour effet d’augmenter de beaucoup la représentation des villes industrielles.
Nous ne voulons pas préjuger ce que proposeront les ministres anglais, ni ce que fera le parlement ; mais, en admettant. que la nouvelle réforme se réduise à l’extension de la franchise électorale, il est évident qu’elle recrutera les nouveaux électeurs uniquement dans les classes moyennes, parmi les industriels et les commerçans, et qu’elle aura, par conséquent, pour résultat un nouveau déplacement de l’influence politique au préjudice de la propriété territoriale. C’est un pas considérable dans la voie où l’on était déjà entré en 1831. Autrefois, l’électorat était le privilège exclusif de la propriété foncière ; la réforme de 1831 fit indirectement la part des autres genres de propriété, en élevant à la franchise la plupart des métropoles industrielles ; la nouvelle réforme, en attachant l’électorat, non plus à la propriété, mais à l’acquittement d’une quotité déterminée des charges publiques, élève à la vie politique quiconque a une existence indépendante, ou présumée telle. Ce pas nouveau est la conséquence nécessaire, fatale de l’abolition des corn-laws. En effet, cette mesure révolutionnaire a sacrifié au salut de l’industrie anglaise tous les intérêts de la propriété foncière, qui reste encore dépositaire de l’influence souveraine en politique, puisqu’elle est maîtresse de la moitié au moins des collèges électoraux, et qu’elle dispose, dans presque tous les autres, d’une formidable minorité. Comment croire que la grande propriété, ainsi atteinte