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est vrai, mais réelle, ardente, du côté du moins de l’Angleterre, reprend, non pas sur un seul théâtre, mais sur tous, en Espagne, en Portugal, en Grèce, en Italie, en Suisse et partout. Cependant, cette fois, le gouvernement français résiste efficacement sans que le pays lui-même en soit le moins du monde troublé ; il résiste, en ayant parfois les grandes puissances contre lui, parfois neutres entre l’Angleterre et lui, et parfois avec lui. Il résiste le plus souvent avec succès, rarement avec désavantage. Si, en Portugal il s’entend pour un moment avec l’Angleterre, c’est son opinion qui l’emporte. En Espagne, le parti français triomphe, et l’Espagne tranquille et prospère retrouve aussitôt des jours qu’elle avait presque oubliés. Notre influence domine en Grèce, la Grèce prend paisiblement son rang parmi les états constitutionnels réguliers de l’Europe. En Italie, au contraire, les conseils du gouvernement français sont dédaignés, ce sont ceux de l’Angleterre qui l’emportent ; on sait ce qu’est devenue l’Italie, et si l’Angleterre est venue la tirer du naufrage où elle l’a précipitée. En Suisse, la cause radicale triomphe, grace à lord Palmerston ; où en est aujourd’hui la Suisse ? Voilà ; si nous avons été impartial, et nous croyons sincèrement l’avoir été, le compte de la politique extérieure du gouvernement de 1830.

Nous le demandons maintenant : quand donc les ministres de ce gouvernement (nous les prenons tous ensemble) se sont-ils montrés inférieurs à la tâche qu’assume quiconque entreprend de conduire les affaires extérieures d’un grand et noble pays comme la France ? Quel jour et à quel moment ont-ils négligé, compromis ou trahi les grands intérêts qui leur étaient confiés, intérêts de toute nature, permanens, transitoires, d’humanité et de civilisation générale, tous ces intérêts multiples, en apparence identiques au fond, dont l’ensemble, aussi long-temps que la France conservera son nom, qu’elle soit empire ou république, monarchie de droit divin ou monarchie constitutionnelle, ne cessera de constituer l’apanage glorieux que nos pères nous ont transmis, et que naguère encore nous espérions passer intact à nos enfans ? N’étaient-ce pas les intérêts permanens de la France qu’assuraient les ministres du dernier gouvernement en créant le royaume de Belgique, en favorisant le développement du régime constitutionnel en Espagne, et plus tard en y maintenant sur le trône la dynastie qui y règne depuis Louis XIV ? N’étaient-ce pas les intérêts transitoires, mais également sacrés de la France, que ces ministres ont servis, lorsqu’ils ont fait pénétrer si loin et si avant au dehors, par leurs discours, par leurs actes et par leurs exemples, non point, grace à Dieu, les doctrines révolutionnaires, mais les idées de liberté réglée, de tolérance éclairée, qui, il y a deux ans, paraissaient, sous leurs auspices, près de triompher partout ? N’était-ce pas enfin à la cause de l’humanité