trouvé place dans une lettre écrite par un radical suisse, s’excusant de ne pouvoir assister au banquet de Châlons : « Vous l’avez compris, écrivait M. Druey, du canton de Vaud, et l’un des membres de la diète, votre cause et la nôtre sont une. Nous sympathisons avec vous, comme vous sympathisez avec nous. Des deux côtés du Jura, il s’agit de faire passer du domaine des idées dans celui des faits les grands principes de liberté, d’égalité, de fraternité des hommes, qui font le bonheur des hommes aussi bien que la gloire des sociétés. » On ne saurait trop le répéter, car c’est l’exacte vérité, ce furent surtout ces encouragemens, venus de France et d’Angleterre, qui raffermirent les résolutions ébranlées du vorort radical. Tenus en échec par les déclarations des cours de France et d’Autriche, M. Ochsenbein et ses amis avaient long-temps reculé devant la responsabilité de donner eux-mêmes le signal de la guerre civile. Quand ils furent assurés de trouver appui dans le secrétaire d’état de l’administration whig et parmi les chefs de l’opposition française, ils reprirent toute confiance, et ne songèrent plus qu’à précipiter les résolutions de la diète.
Cette assemblée ne fut pas plus tôt réunie qu’elle mit dans sa marche autant de vigueur et de promptitude qu’elle avait témoigné d’abord d’hésitation dans ses précédentes délibérations. Six jours après la reprise des séances (24 octobre 1847), le rassemblement immédiat d’une armée de cinquante mille hommes fut décrété, et le général Dufour fut nommé pour la commander. On n’attendit pour commencer les hostilités que le temps strictement nécessaire pour achever les préparatifs militaires, qui furent en même temps poussés avec une singulière vivacité. Regardant la guerre comme déclarée, les députés de sept cantons se retirèrent le 29, après s’être rendus, en dehors des séances officielles de la diète, à une entrevue provoquée dans un but de conciliation, entrevue pendant laquelle ils furent d’ailleurs seuls à vouloir faire des concessions sérieuses. Les mesures votées le 4 novembre furent immédiatement mises à exécution.
Entre le 29 octobre et le 5 novembre, c’est-à-dire entre le départ des envoyés des sept cantons du Sunderbund et le vote de la guerre, se placent deux épisodes singuliers dont il nous faut rendre compte, mais qu’aujourd’hui même encore il nous serait difficile d’expliquer. Il en résulte en effet que, dans cet instant décisif où la guerre civile, près d’éclater en Suisse, pouvait encore être évitée, ce ne fut ni l’Autriche ni la France, mais l’Angleterre, qui, par son agent à Berne et son ministre des affaires étrangères à Londres, mit la première en avant l’idée de cette médiation commune, qu’elle a, par des moyens que nous révélerons plus tard, fait intentionnellement échouer. Quels furent les motifs de ces démarches inattendues ? Étaient-elles dictées par des sentimens d’humanité tardivement réveillés ? étaient-elles inspirées par la crainte de voir la. France, l’Autriche, la Prusse,