Il y a tout lieu de croire, en conséquence, monsieur le ministre, que l’action du gouvernement du roi sera désormais secondée par l’attitude de la légation britannique[1]. »
Après cet assentiment formel donné par lord Palmerston aux instructions envoyées à M. de Bois-le-Comte ; après les engagemens positifs pris verbalement dans sa conversation avec l’ambassadeur de France, qui ne se serait attendu à voir la légation anglaise à Berne prendre une attitude propre à ranimer la confiance du parti modéré, et déconcerter un peu les plans du parti radical ? Nous avons quelque embarras à le dire, ce fut précisément le contraire qui arriva. À M. Morier, qui venait de quitter la Suisse, avait succédé M. Peel, en qualité de chargé d’affaires. Au lieu de se renfermer dans la réserve que son prédécesseur avait gardée vis-à-vis les membres du vorort radical, le nouvel agent anglais affecta de se placer avec eux sur le pied des plus intimes et des plus familières relations. Était-ce inexpérience de la part d’un agent encore jeune ? On aurait pu le croire, si une démarche aussi éclatante qu’inattendue du secrétaire d’état de sa majesté britannique n’était venue révéler tout à coup combien il avait complètement oublié les assurances qu’il avait données dans sa conversation du 8 juillet. En effet, au lieu de s’unir à l’action modératrice que les puissances cherchaient à exercer sur les projets de M. Ochsenbein, il se trouvait que lord Palmerston, levant spontanément l’espèce d’interdit dont le corps diplomatique avait frappé l’ancien chef des corps francs, lui avait, par une dépêche officielle, fait parvenir un témoignage direct de sa considération personnelle. Nous trouvons dans les papiers communiqués au parlement, à la date du 14 août 1847, la dépêche par laquelle M. Peel rend compte de la manière dont il transmit au chef des corps francs les félicitations du ministre de sa majesté la reine de la Grande-Bretagne, et lui fait connaître la joie infinie qu’elles avaient causée à celui qui avait été, de sa part, l’objet d’une si flatteuse distinction.
« Conformément aux instructions de votre seigneurie, j’ai saisi l’occasion d’exprimer à son excellence M. Ochsenbein l’opinion favorable que le gouvernement de sa majesté a conçue de sa personne, en raison de sa haute position, de son caractère bien connu, et de sa détermination bien manifeste de faire tout ce qui sera en son pouvoir pour maintenir la tranquillité intérieure de la Suisse.
« Le président a été hautement satisfait des sentimens exprimés dans la dépêche de votre excellence, dont je m’efforçai de lui communiquer la substance aussi exactement que possible ; mais, comme il m’a demandé de lui en laisser une copie, je ne me suis pas cru autorisé à accéder à sa demande sans l’expresse autorisation de votre seigneurie.
- ↑ Dépêche de M. de Broglie à M. Guizot, Londres, 9 juillet 1847.