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correspondant, avec les femmes, les enfans, les domestiques, à une population totale de près de 207,000 ames.

Si l’on excepte les journaliers et les domestiques, l’impôt des patentes atteint en Espagne toutes les professions non officielles susceptibles d’être classées, depuis l’avocat et le banquier jusqu’au plus humble revendeur ambulant. Or, les relevés que fournit le livre de M. Madoz évaluent, pour 1846, le chiffre des patentés de Madrid à près de 16,700. Le personnel des journaliers correspond à environ 7,000 feux. Les quatre ou cinq manufactures auxquelles se réduit la grande industrie madrilègne nous donnent au plus, avec les imprimeries, un millier d’ouvriers chefs de familles ou célibataires vivant seuls. Quant aux ouvriers qui forment le personnel des mille petites industries courantes de Madrid, la plupart travaillent pour leur compte et rentrent dans la masse des patentés ; d’autres se mêlent à la catégorie des hommes de peine ou journaliers ; d’autres enfin vivent chez leurs patrons et se confondent, dans les relevés municipaux, avec les familles de ceux-ci : la majorité des commis-marchands est dans ce dernier cas. Nous exagérons donc en portant à 2,000 les commis et les ouvriers qui ont un domicile distinct et qui n’appartiennent à aucune des catégories précédentes. Ajoutons 2,300 pour le personnel des deux chambres, les employés municipaux et ceux des gens de lettres, artistes, etc., qui échappent à toute classification officielle. Il y a à Madrid 6,400 maisons particulières ; mais plusieurs de ces maisons appartiennent soit aux mêmes personnes, soit à des personnes exerçant des professions déjà classées, soit enfin à des capitalistes de province que le danger des placemens agricoles pendant la guerre civile et l’affluence exceptionnelle d’étrangers que jetaient au siège du gouvernement les vicissitudes politiques ont amenés à placer leurs fonds sur des immeubles de Madrid. Déduction faite de ces absences et de ces doubles emplois, c’est tout au plus si les propriétaires d’immeubles domiciliés à Madrid atteignent le chiffre de 4,400. Nous, ne devrions parler que pour mémoire des familles riches qui viennent habiter Madrid sans autre but que d’y jouir de leur fortune ; car, en Espagne, où la vie de château n’existe pas, la plupart des riches oisifs ne se rejettent sur les villes que pour s’y fixer définitivement, y acquérir des immeubles et s’y confondre avec les propriétaires locaux. Madrid, vu l’inclémence relative de son climat et la cherté de la vie, est même beaucoup moins favorisé sous ce rapport que les autres grands centres. Ajoutons cependant pour cette classe 600 familles. Total général : 34,000 domiciliés, ce qui laisse, pour les célibataires ou chefs de famille vivant du budget ou qui aspirent à vivre du budget, le chiffre de 15,000 feux, correspondant à près du tiers de la population inscrite.