et je passe à dessein quelques autres noms éminens, afin qu’il soit bien entendu que je ne fais pas une énumération complète ; ce ne sont pas enfin les généraux qui murmurent contre les maréchaux, ce sont les caporaux. N’en déplaise aux capacités inédites, les illustrations et les capacités éprouvées gardent leur prix, et plus il y en a de ce genre dans une assemblée, plus l’assemblée est forte.
Nous avons d’abord voulu dire un mot des ennemis intérieurs du gouvernement parlementaire, de ceux qui sont dans l’assemblée même et qui ne comprennent pas que les partis, qui font la vie des assemblées, n’ont de vie eux-mêmes que s’ils consentent à avoir une certaine discipline. Arrivons maintenant aux ennemis extérieurs du gouvernement parlementaire, à ceux qui se donnent fort maladroitement pour les interprètes du 31 octobre. À ces détracteurs du gouvernement parlementaire nous ne ferons, s’ils ont en tête un système de gouvernement, nous ne ferons qu’un seul reproche : ils en disent trop ou trop peu. Parlons franchement : s’il y a quelque part des personnes qui croient pouvoir voir restreindre, je ne sais dans quel cercle, les libertés du gouvernement parlementaire, ces personnes se trompent étrangement. De deux choses l’une, en effet : il faut supprimer complètement le gouvernement parlementaire, si on le peut, ou il faut l’accepter tel qu’il est. Nous reconnaissons que la constitution l’a modifié, et nous avons signalé nettement les différences qui existent, sous ce rapport, entre la constitution de 1848 et la charte de 1830 ; mais ces différences ont leurs limites. La pensée personnelle du président a dans notre gouvernement une place légitime, et nous sommes disposés à nous en féliciter. Cependant la constitution n’a pas dit que cette pensée, qui doit être libre, doive du même coup être prépondérante. En créant un président responsable et une assemblée indissoluble, la constitution a créé une grande difficulté d’être, nous l’avouons ; mais, comme elle a voulu que l’assemblée fût permanente et indissoluble, elle a voulu que la pensée de l’assemblée fût libre aussi, sinon prépondérante. La constitution a oublié de tracer un trait d’union entre les deux pouvoirs souverains qu’elle créait ; c’est là son grand vice. Les esprits contentieux en concluront que la lutte est inévitable entre les deux pouvoirs. Oui, la lutte est inévitable, s’ils la veulent ; mais les esprits concilians pourront dire aussi que, puisque les deux pouvoirs sont souverains et indépendans, l’accord est indispensable, Sans cela, point de gouvernement. Ainsi, une lutte inévitable ou un accord indispensable, voilà les deux solutions entre lesquelles il faut choisir.
La pire conduite, ce serait un mauvais accord. On aurait beau vouloir traiter l’assemblée lestement, faire mauvais ménage avec elle et s’en soucier peu, avoir des querelles et s’en vanter, avoir des échecs et prétendre qu’ils ne signifient rien ; cette conduite-là n’est pas long-temps tenable. Tant qu’il y aura un gouvernement parlementaire, ce qui en restera sera assez fort pour affaiblir et pour discréditer le pouvoir ministériel, si le pouvoir ministériel n’est pas d’accord avec l’assemblée. L’indifférence peut être un genre de caractère, mais ce n’est pas une politique. Les événemens, en effet, finissent par vaincre l’indifférence, ou par écraser les indifférens, à qui il reste, il est vrai, pour ressource d’être indifférens à leur chute. On ne peut pas accepter à moitié le gouvernement