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se presse dans les rues de San-Francisco et aux mines ; un grand nombre de nos bâtimens sont mouillés sur rade. De nouveaux arrivages du Havre, de Nantes, de Bordeaux et de tous nos grands ports s’annoncent à chaque instant. Les relations déjà si étroites entre la France et la Californie n’en sont pourtant encore qu’à leur début les produits français, — l’eau-de-vie surtout, ce grand produit qui est, pour notre navigation nationale, ce que les houilles sont pour la Grande-Bretagne, les cotons pour les États-Unis, — y trouveront dorénavant un débouché immense et chaque jour croissant. C’est dans ce mouvement d’expansion imprimé à notre commerce que gît surtout à nos yeux l’importance de la découverte qui a transformé les plaines du Sacramento en un grand centre d’affaires. Nos armateurs vont s’habituer aux expéditions à long terme, ils apprendront à se passer des primes, cette triste ressource qui obère le trésor, qui encourage la fraude, et qui le plus souvent est fatale à ceux même qu’elle doit secourir. Si, grace à la Californie, notre commerce retrouve un peu de cette activité entreprenante qui l’animait autrefois, la part de la France dans l’Eldorado américain sera encore assez belle, et c’est sans envie que nous pouvons, dès ce jour, voir le drapeau de l’Union flotter sur les bords du Sacramento.


PATRICE DILLON.

San-Francisco, 2 octobre 1849.