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dernières années, nous rencontrons aujourd’hui une discussion religieuse qui vient d’emprunter tout exprès notre langue afin d’être connue au dehors. Comme le fait justement observer l’un des écrivains qui ont pris part à cette lutte, ce n’est qu’une phase du grand débat entre l’église catholique et les idées du jour. Les catholiques néerlandais, qui forment les deux cinquièmes de la population du royaume, se plaignent de n’être pas traités par le pouvoir suivant leur importance, d’être gênés dans la pratique de leur culte, de ne pas jouir des bienfaits de l’égalité politique et religieuse que leur assure la constitution de 1798, enfin de se voir en butte à une sorte de coalition, tantôt sourde et tantôt patente, de la part des protestans et des rationalistes. C’est du moins ce qui ressort d’un écrit anonyme, intitulé Mémoire sur la situation des catholiques dans les Pays-Bas depuis leur émancipation en 1798 jusqu’à nos jours.[1] Un adversaire, qui a voulu s’égayer, a répondu à cet écrit par une critique virulente sous le titre d’Analyse d’un poème en prose intitulé Mémoire sur la situation des catholiques dans les Pays-Bas.[2] Enfin, un esprit plus calme a abordé le même sujet sur un ton plus grave, dans la forme et avec le titre de Lettres d’un protestant hollandais à l’auteur d’un Mémoire sur la situation des catholiques dans les Pays-Bas.[3] L’écrivain protestant déclare que, si les catholiques ne sont pas représentés dans les administrations suivant leur nombre, la cause en est moins dans le mauvais vouloir du gouvernement que dans la condition des populations catholiques, qui sont loin de représenter proportionnellement à leur nombre les forces intellectuelles, scientifiques et financières de la société civile. Il ajoute que, si les catholiques se sont vus quelquefois gênés dans leur action, c’est un peu la conséquence de la conduite hostile qu’ils ont tenue à l’époque de la révolution de Belgique et des entraînemens auxquels ils se sont laissé aller depuis sous les inspirations du puissant clergé belge. Quant aux associations protestantes dont se plaint amèrement le défenseur des catholiques, elles n’ont nullement le caractère agressif, suivant l’écrivain protestant ; elles se sont formées, avant ou depuis 1830, dans l’intention de défendre le protestantisme contre les empiétemens de la propagande catholique, et non dans la pensée de faire la guerre au catholicisme ou d’inquiéter les catholiques dans l’exercice de leurs devoirs. Si l’une de ces associations a pu se livrer à quelques excès de zèle qui s’écartaient de la fraternité évangélique, ce n’était que le résultat de la terreur inspirée, à tort ou à raison, par le nom des jésuites en un moment où ils semblaient sur le point de reprendre pied en Hollande et en Europe.

La question a été portée récemment devant la seconde chambre des états-généraux par un député catholique, M. Dominer van Poldersveldt, qui a pris avec chaleur la défense de ses coreligionnaires. M. de Poldersveldt, afin de mettre en relief le système d’exclusion dont ils lui paraissent frappés, a fait appel à la statistique, et, comparant les diverses confessions religieuses dans l’arrondissement de Nimègue et sur les bords de la Meuse et du Wahal, il a recherché quelle peut être entre elles la proportion des fonctionnaires publics.

  1. 1 petit vol. in-18 ; Amsterdam, 1849, chez C.-L. von Langenhuysen.
  2. 1 vol. in-18 ; Arnhem, 1849, chez P.-A. de Jong.
  3. 1 vol. in-18 ; La Haye, 1849, chez H.-C. Susan.