ET
LA QUESTION ROMAINE
AU POINT DE VUE DE SAINT-PETERSBOURG.
Il y a quelques personnes en France qui se préoccupent de la destinée de l’église grecque, et qui comprennent que, depuis que cette église a son siège principal à Moscou et non plus à Constantinople, elle a, par la force des choses, une part de la puissance de la Russie, au lieu d’avoir une part de la faiblesse de la Grèce. Si ces personnes lisent le mémoire suivant, elles verront leurs appréhensions justifiées d’une manière bien curieuse, et elles trouveront qu’elles avaient plus raison qu’elles ne le croyaient d’avoir peur de cette rivalité nouvelle que les événemens suscitent au catholicisme et à la papauté. Nous ne voulons pas aujourd’hui faire l’histoire de l’église grecque depuis le concile de Florence, au XVe siècle, depuis son abattement sous le joug des Turcs, et signaler sa longue éclipse ; nous voulons seulement, à l’aide du mémoire que nous publions, mettre en lumière son ambition nouvelle. Cette ambition, que nous ne blâmons pas, est grande ; elle est digne d’une église, puisqu’elle est toute spirituelle, c’est-à-dire qu’elle prétend avoir le dépôt de la vérité religieuse et morale, quoiqu’en même temps cette ambition, remarquons-le bien, ait le caractère particulier de l’église grecque, je veux dire le penchant à s’appuyer sur le pouvoir temporel, et à le servir plus encore qu’à s’en servir, comme le fait volontiers l’église catholique. L’église grecque, en effet, n’est ambitieuse à l’heure qu’il est que parce que la Russie est puissante ; elle n’a de prétentions que par contre-coup.