de la loi de 1831, qui faisait élire le conseil municipal par la commune et réservait au gouvernement le droit de choisir le maire dans le conseil municipal. La loi de 1848 a détruit cet équilibre que la législation antérieure avait sagement établi entre les droits de la commue et ceux de l’état. Cet équilibre si nécessaire, il faut le rétablir, et nous n’avons pas besoin de rappeler au parti légitimiste que la loi de 1831, dont le gouvernement invoque le principe, n’est pas autre chose que le projet de loi présenté en 1828 par M. de Martignac.
La question du choix des maires se mêle, pour le parti légitimiste, à une autre question qu’il affectionne vivement, celle de la décentralisation. Ce n’est pas le moment de toucher à ce grand débat ; nous aurons l’occasion d’y revenir plus d’une fois. Disons seulement que l’on se fait sur cette question d’étranges illusions. Le contre-coup de février a pu réveiller dans plusieurs parties de la France le souvenir des libertés communales ; on a pu, un instant, chercher dans l’indépendance locale un refuge contre les dangers de la centralisation révolutionnaire, et il restera quelque chose de ce mouvement : il en restera ce qui est nécessaire pour protéger désormais la France contre un coup de main ; mais la concession n’ira pas plus loin. La centralisation, qui est une des lois de la civilisation moderne, peut avoir ses inconvéniens et ses périls ; mais l’indépendance anarchique du moyen-âge avait aussi les siens, et la France ne voudra pas retourner au moyen-âge pour échapper aux dangers de la civilisation.
Nous croyons en avoir dit assez sur la loi des maires pour démontrer que c’est une loi de salut public, une mesure de nécessité, que le parti de l’ordre ne peut refuser au gouvernement. Dans les circonstances présentes, nous ne voyons que la montagne qui ait intérêt à la repousser, et nous espérons bien qu’elle sera seule à l’attaquer.
Nous n’avons pas à suivre plus long-temps aujourd’hui le détail des travaux de l’assemblée. Que dirions-nous de la discussion de la loi sur l’enseignement, dont la troisième lecture a commencé au milieu de l’agitation produite par les nouvelles des élections de Paris ? Que dirions-nous de la première lecture du projet de loi sur le chemin de fer de Paris à Avignon ? L’assemblée a décidé en principe que le chemin serait exécuté ; mais quel sera le mode d’exécution ? Où sont aujourd’hui ces compagnies qui venaient faire concurrence à la compagnie unique ? Le scrutin électoral ne les a-t-il pas déjà dispersées ? Et si les capitaux privés reculent, si la rente baisse, si les recettes de l’état diminuent, si le déficit du trésor augmente, qui se chargera de terminer cette grande entreprise, dont le moindre avantage serait de ranimer l’industrie dans plusieurs départemens et de donner du travail pendant quatre ans à quatre-vingt mille ouvriers ? M. Carnot, M. Vidal et M. de Flotte vont-ils nous apporter la solution de ce problème ?
Nous passons du dedans, qui est triste et agité, au dehors, qui s’obscurcit, au lieu de s’éclaircir.
Avant la révolution de février et les tristes questions qu’elle a partout suscitées en Europe, il y avait une question qui restait depuis long-temps suspendue sur la politique européenne : c’était ce qu’on appelait la question d’Orient. Cette question se ranimait de temps en temps, comme pour avertir l’Europe