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gorge ! On a dit à la ville de Paris que la Banque de France serait remplacée par la banque du peuple, et chacun sait ce que cela veut dire ! Personne n’ignore que les millions de la Banque agissent d’une façon particulière sur l’imagination des orateurs socialistes, et que c’est un sujet sur lequel ils aiment à revenir fréquemment. Si la Banque a été oubliée jusqu’ici dans les plans de l’insurrection parisienne, on peut croire qu’elle n aura pas même bonheur dans les insurrections futures. C’est là une réflexion qui a du être faite avant nous, et pour cause, par les boutiquiers et les commerçans du troisième arrondissement de Paris. Pourquoi donc là, comme ailleurs, tant d’honnêtes citoyens ont-ils déchiré les bulletins de l’union électorale pour prendre ceux de la république rouge ? Quel est donc en révolution cette fureur du martyre qui pousse les victimes dans les bras de leurs bourreaux ? Est-ce assez d’aveuglement ? et n’est-il pas temps d’y songer ?

Il n’a manqué qu’une seule chose, jusqu’ici, au président de la république et à la majorité parlementaire pour faire plus de bien qu’ils n’en ont fait, et pour résoudre les difficultés de la situation : — ç’a été de s’unir par une intimité plus étroite, — comme aussi il n’a manqué qu’une seule chose à la majorité pour exercer sur les affaires une influence plus décisive : — ç’a été de maintenir l’accord entre ses diverses nuances et de les confondre dans une politique commune. Après les élections du 10 mars, on doit croire que le président et l’assemblée n’auront plus qu’une même pensée, et qu’il n’y aura plus qu’une même politique sur les bancs de la majorité : S’il peut y avoir quelque chose de consolant dans la nouvelle épreuve que subit la France en ce moment, c’est qu’elle est de nature à convaincre les esprits les plus rebelles et à ouvrir les yeux aux plus aveugles. Nous n’avons jamais pris parti pour la politique pessimiste, nous n’avons jamais conseillé de chercher le bien dans l’excès du mal : nous reconnaissons cependant que la défaite du parti modéré peut avoir son côté utile ; le tout est de savoir en profiter. Le malheur peut servir autant que la fortune. Il faut que le malheur du parti modéré lui serve à réparer ses fautes, et ce serait plus qu’une faute aujourd’hui de se diviser. Il doit y avoir désormais dans le parti de l’ordre une consigne sévère. Chacun doit rester à son rang et à son poste L’union entre toutes les nuances du parti de l’ordre est à elle seule une solution ; car avec elle toutes les solutions sont possibles. Avec l’union, le parti de l’ordre est sûr de tout gagner ; par la désunion, il peut tout perdre.

Ces réflexions sur la nécessité de l’union entre les diverses nuances du parti de l’ordre nous amènent naturellement à parler de la loi des maires, et de la scission qu’elle a fait éclater au sein de la majorité. Il y a huit jours, cette scission était la grande affaire. C’est un événement presque oublié aujourd’hui, et si nous en parlons, c’est tout simplement pour constater qu’il n’aura pas les suites fâcheuses qu’on pouvait craindre. Les bases d’un arrangement ont été convenues, dit-on, sous les auspices de M. Molé et de M. Berryer ; et quand même cet arrangement n’existerait pas, les élections du 10 mars sont là aujourd’hui pour nous garantir que chacun fera son devoir, et que personne ne songera à se passer ses fantaisies. La loi des maires sera une des premières occasions de montrer que le faisceau de la majorité, loin d’être rompu, est plus fortement resserré qu’il ne l’a jamais été. Les allées et venues de droite à