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chambre des représentans, un député du sud s’étant levé comme pour arracher de la tribune un orateur du nord, un des amis de celui-ci se précipita à sa rencontre, et l’on vit les deux côtés de la chambre descendre à l’envi dans l’hémicycle comme pour engager une mêlée générale.

Au moment où la session du congrès allait se clore, les députés et les sénateurs du sud se formèrent en convention, et M. Calhoun fut chargé de rédiger au nom de tous une adresse à leurs commettans sur la situation de l’Union et sur les périls que couraient les états du sud. Voici les conclusions de cet immense document d’une diffusion extrême, et où d’amères récriminations tiennent la plus grande place. La persistance des députés du nord à soulever tous les ans une question qui, insignifiante en elle-même, n’a d’importance qu’au point de vue des principes ; celle de l’abolition de l’esclavage dans le district fédéral, y est présentée comme l’indice d’un parti pris chez les états du nord de flétrir les institutions du sud et de fomenter dans une moitié de l’Union la plus dangereuse des agitations. On veut se servir du district fédéral pour établir en fait l’autorité du congrès à réglementer la question de l’esclavage, et, après avoir ainsi usurpé un droit que la constitution refuse formellement au pouvoir central, on se fera de ce premier exemple un argument pour intervenir dans la législation intérieure des états à esclaves. Laisser consacrer le droit du pouvoir fédéral d’abolir l’esclavage dans le district de Colombie, c’est abandonner implicitement à la majorité du congrès, et par conséquent aux états du nord, le sort de tous les états du sud. La portée réelle du proviso de Wilmot et de toute clause analogue est d’exclure les habitans des états à esclaves des territoires conquis par le sang et avec l’argent de toutes les parties de l’Union. C’est à la fois un déni de justice et une violation formelle de la constitution.

Tous les états contribuent également aux charges de l’Union ; tous ont supporté également le poids des dernières guerres ; tous ont le même droit aux profits de la victoire. Les provinces acquises sont la propriété commune et indivise de l’Union. La constitution garantissant à tout citoyen, dans toute l’étendue et dans toutes les dépendances de l’Union, les mêmes droits et la jouissance incontestée de sa propriété, tout habitant du sud a le même droit qu’un habitant du nord de s’établir dans les nouveaux territoires et d’y transférer ce qu’il possède. La nature particulière de sa propriété ne peut devenir un titre d’exclusion pour lui, puisque la constitution n’a excepté aucune sorte de propriété. Laisser introduire dans la législation fédérale le proviso de Wilmot ou toute clause analogue, ce serait, de la part des habitans du sud, accepter d’être exclus du domaine commun de l’Union, ce serait reconnaître qu’en tant que propriétaires d’esclaves, ils ne sont pas des