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qu’il est, obtint la pluralité des voix, et, dans les autres états de la Nouvelle-Angleterre, il balança, quelquefois même il dépassa les voix du général Cass.

Les résultats de l’élection de 1848 ont démontré à tout le monde que dans les états de la Nouvelle-Angleterre la majorité était déjà ou allait être acquise au parti de la liberté du sol, et que les anciens partis politiques étaient en pleine décadence. Des tentatives ont été faites pour réconcilier à New-York les deux fractions des démocrates ; elles ont abouti à une pacification éphémère, bientôt suivie d’une nouvelle et plus éclatante rupture. L’opinion universelle est aujourd’hui qu’à la prochaine élection présidentielle la lutte ne sera plus entre les whigs et les démocrates, mais entre les adversaires et les défenseurs de l’esclavage.

Si l’on avait besoin d’autres preuves du mouvement qui se fait dans tous les esprits, il suffirait de faire remarquer la position prise par les hommes politiques qui, aux États-Unis, sont plus réservés que partout ailleurs. Au moment où M. Van Buren acceptait une candidature abolitioniste, M. Clay, qui a toujours professé sur l’esclavage des idées très libérales, mais qui est propriétaire d’esclaves lui-même, écrivait, dans une lettre rendue publique, qu’il croyait le moment venu, pour les états du centré de l’Union, de préparer la voie à l’émancipation. Cette lettre avait à peine parcouru les états du sud, où elle répandait la plus vive agitation, qu’un des hommes les plus considérables de l’Union, M. Benton, qui représente depuis trente ans dans le sénat un état à esclaves, le Missouri, refusait d’obéir à l’injonction que lui transmettaient ses commettans de voter contre le proviso de Wilmot, et se déclarait contraire à l’introduction de l’esclavage dans les nouveaux territoires. Après la session, M. Benton a publié sur cette question une lettre violente, dirigée contre M. Calhoun, le chef des défenseurs de l’esclavage, et il s’est mis à parcourir le Missouri pour défendre, dans une série de réunions publiques, ses opinions nouvelles.

C’est donc au milieu de la plus vive agitation que s’est terminée la présidence de M. Polk et que s’est écoulée la dernière session du congrès. M. Polk avait demandé qu’on votât des lois provisoires pour la Californie, qui devait être élevée au rang de territoire en attendant qu’elle eût la population nécessaire pour devenir un état. La chambre des représentans s’est obstinée à introduire dans cette constitution provisoire une clause qui interdisait l’esclavage, et, comme le sénat a toujours rejeté cette clause chaque fois que le bill lui est revenu, la session a fini sans que les deux chambres pussent s’accorder, et la Californie a été abandonnée à elle-même sans lois, sans magistrats, sans gouvernement : témoignage significatif de l’acharnement et de l’obstination des partis. Dans une des discussions du bill au sein de la