Catalogne et jusqu’aux portes de Madrid, les soldats de Wellington brûlaient les fabriques de draps, de cotonnades et de porcelaines ; en Andalousie, ils détruisaient les plantations de cannes à sucre[1]. Le sac de Saint-Sébastien n’eut sans doute pas d’autre cause. C’était toujours cette politique implacable qu’on retrouve au fond de tous les actes de l’Angleterre, et qui lui ferait brûler la moitié du monde pour être seule à vendre des cotons à la moitié restante.
Quoique abandonné à ses seules ressources, Saint-Sébastien s’est entièrement relevé du milieu de ses ruines. À l’époque de mon séjour ; quelques murs éboulés, quelques tas de décombres placées entre mes croisées et le port, rappelaient seuls les fureurs de l’armée anglaise. La vieille capitale du Guipuzcoa a repris son rang. L’industrie, le commerce surtout, ont ramené l’aisance dans ses murs. Comme par le passé, Saint-Sébastien est aujourd’hui un des principaux centres des populations basques. On comprend avec quel intérêt j’étudiai cette race remarquable, sans parenté aucune avec les autres nations européennes, et dont l’origine est un des plus difficiles problèmes que puisse aborder l’ethnologie[2]. Il ne mériterait pas le titre de naturaliste, celui qui, occupé exclusivement des animaux, négligerait l’étude de l’espèce humaine et n’attacherait pas la plus haute importance à tout ce qui peut jeter quelque jour sur l’histoire de ses innombrables variétés.
Les Basques, appelés par divers auteurs Cantabres. Euskeriens, Euskaldunes, se donnent à eux-mêmes le nom d’Eskualdunac ou mieux d’Euskaldunac[3]. Ils parlent une langue, sans analogie avec les idiomes européens, la langue eskuara ou euskara[4]. Distincts de toutes les populations voisines par les caractères physiques, les mœurs, les institutions, ils en différaient encore autrefois par les traditions et les
- ↑ Au nombre des établissemens les plus regrettables que les Anglais détruisirent soit par eux-mêmes, soit par leurs agens, il faut placer le jardin botanique créé pur le prince de la Paix aux environs de Séville. On y avait réuni avec succès plusieurs végétaux utiles des pays chauds, entre autres ceux qui fournissent la cannelle, le cacao, la cochenille, l’indigo, etc. Le but du fondateur était de propager ces disertes cultures dans le midi de l’Espagne. (Histoire de la Vie de Ferdinand VII ; Madrid, 1842.)
- ↑ L’ethnologie, science assez récente pour que son nom ne soit pas connu de tous nos lecteurs, est cette branche de nos connaissances qui s’occupe des caractères, de l’origine et de la répartition actuelle des diverses races humaines.
- ↑ Ce mot est formé par contraction de Eskua-alde-dunac, et signifie peuple qui a la main favorable ou adroite. (Histoire des Cantabres ou des premiers colons de toute l’Europe, avec celle des Basques, leurs descendans directs, par l’abbé d’Hiarce de Bidassouet ; Paris, 1825).
- ↑ Langue de main, science du geste.