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LES


ILES DE LA MANCHE.




JERSEY ET GUERNESEY EN 1848 ET 1849.




Qu’est-ce que les îles de la Manche ? Si vous adressez cette question aux nombreux convives qui entourent la table d’hôte des grands hôtels de Saint-Malo pendant la saison des bains de mer, votre voisin de droite vous répondra : « C’est un pays loyal, dont le dévouement à la couronne d’Angleterre ne s’est jamais démenti, et qui en toute circonstance a témoigné sa sympathie aux légitimistes du continent. – C’est un pays libre, dira à son tour votre voisin de gauche. Ces îles jouissent des bienfaits d’une organisation toute démocratique ; n’ont-elles pas accueilli avec intérêt les martyrs de la cause républicaine ? — C’est le dernier asile de la féodalité, ajoutera un troisième interlocuteur. On ne peut mer qu’il existe à Jersey des seigneuries et des droits seigneuriaux, qu’on y prise grandement les gentilshommes, et que le droit d’aînesse y soit en pleine vigueur. — On y honore avant tout le travail, l’industrie, le commerce, dira un autre. Je ne connais pas de contrée où le peuple se montre plus jaloux de son indépendance. » Et ne sachant auquel de ces propos contradictoires ajouter foi, vous irez sur le port voir fumer au loin le bateau à vapeur qui vient de ce pays étrange et indéfinissable. Vous voilà devant un cutter à la mâture fine