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LE


QUATRIEME ACTE


DE LA


REVOLUTION DE FEVRIER.




La révolution va toute seule, disait-on en 93. La révolution va toute seule, peut-on dire en 1849. C’est le caractère fatal des révolutions : elles ont un mouvement automatique. Une fois le char lancé, il roule où sa pesanteur l’envoie. Il y a des gens qui pensent en arrêter ou diriger la marche avec des constitutions bâclées, des coteries coalisées, des manigances parlementaires et autres toiles d’araignée. Niaiserie ! La courte prudence des uns, les petites agitations des autres, n’y peuvent rien. En temps de révolution, les esprits et les cœurs virils ne sauraient avoir qu’une ambition : c’est d’éviter, sinon le malheur d’être vaincu, du moins la honte d’être surpris. Il faut donc être franc et courageux avec soi-même, savoir et vouloir ce qu’on veut, regarder en face la solution finale à travers les impossibilités apparentes qui la couvrent, et y courir sans détourner la tête. En temps de réV1ution, la franchise et le courage, c’est le génie.

La franchise ne fut jamais plus nécessaire que dans la période de la révolution de février où nous sommes entrés depuis le dernier message du président de la république. Il n’y a jamais eu, en effet, plus