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d’organiser le parti conservateur, qui se trouvait ainsi abandonné à ses propres instincts.

« Dans le projet de budget pour 1850, les recettes présumées des douanes sont évaluées à plus de 175 millions de réaux, somme bien plus considérable que le produit de cette branche du revenu pendant la dernière année. Cette argumentation est basée sur les résultats plus que probables du nouveau tarif, qui permet l’importation des tissus fins de coton. On sait que de grandes expéditions de cette marchandise se préparent dans les ports de la Grande-Bretagne, et n’attendent pour sortir que la publication officielle de la nouvelle loi. Les négocians portent beaucoup plus haut leurs calculs, car ils supposent que les Anglais joindront à leurs expéditions de cotons un grand nombre d’autres articles dont la consommation n’est pas assez forte pour qu’on puisse en former des cargaisons spéciales, tels, par exemple, que de la quincaillerie, de la papeterie, des objets de fantaisie, qui sont très recherchés en Espagne.

« Puissent ces innovations financières être l’avant-coureur d’un système large et généreux, fondé sur le principe du libre échange ! C’est aujourd’hui la grande nécessité de l’Espagne ; on commence à s’en convaincre, et l’esprit de spéculation et d’entreprise fait en ce sens de grands progrès. On sent le besoin d’exporter les produits de l’agriculture, dont l’abondance écrase le pays. Dans la plus grande partie des provinces intérieures, le prix d’une arroba de vin (à peu près vingt bouteilles) n’excède pas 6 réaux (1 franc 50. cent.). La rareté et le mauvais état des voies de communication entravent, il est vrai, le transport de ces produits ; mais ces obstacles disparaîtraient devant l’accumulation des capitaux qui serait la conséquence nécessaire de la liberté du commerce. L’esprit d’association remplacerait, pour, l’ouverture des communications, l’action aujourd’hui indispensable du gouvernement. »


Études comparatives sur l’Armement des vaisseaux en France et en Angleterre[1]. — Ainsi que Polybe a comparé la légion romaine et la phalange macédonienne, faisant ressortir les avantages et les inconvéniens des deux ordonnances, et se prononçant en faveur de la légion, de même l’auteur de cet écrit met en parallèle, terme à terme et dans les plus minutieux détails, l’instrument principal des combats sur mer de la France et de l’Angleterre, le vaisseau de ligne anglais. La comparaison des coques, de cette partie de la carène qui plonge dans l’eau, en un mot, de ce qu’on nomme les œuvres vives, nous est favorable. À cet égard, nos ingénieurs ont dépassé, dans la construction des grands bâtimens de guerre, tous leurs rivaux des marines étrangères : cette supériorité ne leur est point contestée ; mais, dans la partie émergée, les œuvres mortes, l’accastillage, pour nous servir du mot technique, il semble que nous embarrassions nos hauts de murailles démesurées, trop lourdes, mal posées, qui gênent la manœuvre des voiles inférieures, restreignent d’une manière dangereuse l’étendue du champ que peuvent balayer nos boulets, et dont l’inutile poids tend à briser rapidement nos vaisseaux. Là, il faut l’avouer, les Anglais paraissent avoir sur nous l’avantage. Mais

  1. Librairie de L. Mathias ; Paris, quai Malaquais, 15.