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exemple, est-ce qu’on n’aurait pas toute la méthode de l’enseignement de cette faculté ? Celui qui veut passer ces examens n’est-il pas obligé de commencer par le droit romain et de descendre le code civil livre par livre, et n’est-ce pas là précisément une méthode qui a suscité de la part de savans d’Allemagne les plus vives critiques ? S’il n’en est pas ainsi pour les grades des lettres, c’est parce qu’aujourd’hui ces grades sont frivoles et mal disposés. Le jour où ils deviendraient sérieux, où on décomposerait, comme nous le proposons, le baccalauréat ès-lettres en deux ou trois examens successifs, portant sur une série d’études définies, l’obligation du baccalauréat ès-lettres. Equivaudrait pour les établissemens libres, à l’imposition d’une méthode. On pourrait leur faire la loi, modifier leur esprit par le choix des auteurs, par l’ordre des études, tout aussi bien que par une inquisition positive. Dès-lors, où serait la liberté d’enseignement ? C’est ainsi que les mêmes expédiens qui affaiblissent le pouvoir d’un côté oppriment la liberté de l’autre, et que des institutions d’enseignement ainsi combinées ressemblent à certaines institutions politiques dont il ne faudrait pas aller chercher trop loin le modèle, et qui tempèrent une anarchie journalière par un arbitraire accidentel.

Quand viendra donc le moment où, laissant de côté ces misérables subterfuges de législation, gauches ; incohérens et impuissans, l’enseignement privé pourra se donner carrière sans entraves, dans toute sa liberté ? Nous n’hésitons pas à le dire, c’est quand l’éducation publique sera constituée dans toute sa force. Le jour où nous aurons une éducation publique qui en toute conscience puisse répondre d’elle-même, qui se présente aux parens sans s’imposer, mais avec la noble confiance d’une supériorité intellectuelle et morale reconnue ; le jour où l’Université, rétablie dans sa vigueur, réparée de ses avaries, pourra se tenir à flot sur le déluge des agitations démocratiques, les pouvoirs publics s’épouvanteront naturellement beaucoup moins des écarts de la liberté privée. Ils comprendront, nous le croyons, qu’un terme ne sera apporté à de fâcheux dissentimens que lorsque l’enseignement libre et l’enseignement public seront radicalement séparés l’un de l’autre. La vraie manière entre concurrens de terminer les conflits, c’est d’éviter les rapports : donner et retenir, c’est la source de tous les procès. Ils finiront, nous en avons la conviction, par abandonner l’enseignement privé non point à une licence illimitée, mais à cette police générale qui sera plus tutélaire pour la moralité publique qu’une autorité spéciale partagée, hésitante, où deux partis sont occupés de se faire équilibre plus que de défendre en commun l’intérêt de la société. Le jour également où l’Université sera sûre de fournir aux professions libérales des sujets dignes de les remplir, ce point de comparaison une fois trouvé, elle craindra beaucoup moins, je ne dis pas seulement à son point de