Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/711

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La pratique, en premier lieu, nous paraît la chose du monde la plus aisée et même la plus économique. Supposez que, par un effort de volonté rare, nous l’avouons, chez l’administration supérieure, mais enfin possible en soi, une ordonnance eût institué, dans huit ou dix villes de France, ces ensembles de facultés diverses que nous réclamons et qui ne représenteraient pas en totalité un beaucoup plus grand nombre de professeurs que ceux qui sont aujourd’hui épars et courant les uns après les autres sur la surface du territoire, ces facultés réunies formeraient un tout auquel on donnerait le nom qu’on voudrait : académies, universités locales, écoles supérieures, les dénominations importent peu. Chacune de ces unités parfaites serait superposée en quelque sorte à un certain nombre de lycées répandus dans les divers départements environnans, à peu près comme les cours d’appel le sont aux tribunaux de première instance. Chaque école supérieure aurait un certain nombre de lycées dans son ressort qui correspondraient avec elle pour la collation des grades, et dont elle recueillerait les élèves, après la fin de l’instruction secondaire, pour leur fournir le complément élevé de l’éducation. Ces ressorts répondraient aux diverses régions de la France. Chacun embrasserait des populations assez semblables entre elles d’habitudes, de tournure d’esprit et de croyance. Sans entrer ici dans le détail de ces organisations hiérarchiques (ce qui nous ramènerait bon gré, mal gré, à quelques points de la loi nouvelle que nous aimons mieux ne pas discuter trop à fond), il est évident qu’il faudrait, sous peine de désordre, un directeur unique à ces facultés unies, et que ce directeur et son conseil eussent sur tout le ressort de l’école supérieure un pouvoir prépondérant. La présentation des professeurs à nommer, sinon leur nomination directe, et une certaine juridiction disciplinaire, analogue à celle du recteur dans les académies actuelles, leur appartiendraient naturellement. Cela posé, et du moment qu’il existe dans chacune de ces villes d’études un ensemble de professeurs distingués, faisant face à toutes les branches de l’enseignement, et une autorité supérieure régulière, nous ne voyons pas ce qui empêcherait de créer, à côté et dans l’enceinte même des facultés, sept ou huit places de pensionnaires sous le contrôle immédiat du directeur commun de la haute école. Ces pensionnaires seraient tenus de suivre assidûment les cours approfondis des lettres et des sciences, et les professeurs des facultés mêmes, dans l’intervalle de leurs leçons, pourraient leur servir de maîtres de conférence et de répétiteurs. Ce serait une petite école normale annexée sans aucuns frais nouveaux à l’école supérieure ; elle serait recrutée habituellement parmi les élèves distingués de l’école après un concours local, et par son renouvellement annuel elle devrait pourvoir, à son tour, au recrutement habituel de tous les professeurs du ressort. En un mot, ce serait,