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il est des malheureux, égarés par des doctrines perfides, qui se sont constitués en guerre ouverte contre la société, parce qu’on la leur présente sous un jour cruel et mensonger. Si l’on pouvait les soustraire aux influences qui les ont pervertis, en les soumettant à un travail régulier, à une discipline ferme, mais intelligente, sous un climat nouveau, en face de cette féconde nature, qui partout a donné aux associations humaines les mêmes lois primordiales, peut-être parviendrait-on à les convaincre que la société repose sur des bases éternelles, dépendantes de l’organisation même de l’homme, hors desquelles le genre humain serait condamné à périr. D’autres, criminels endurcis, coupables d’odieux forfaits, chez qui la honte n’a plus de prise, doivent pour l’exemple, pour satisfaire à la justice des hommes, subir un châtiment sévère. Il importe de ne pas les confondre dans le même lieu de punition. Pour la première catégorie, quel point du globe serait préférable au vallon de Salasie ? Là comme dans une douce prison, dans un exil agréable, on tenterait l’essai d’un établissement pénal et s’il reste dans ces ames flétries un éclair de générosité, si elles ont été réellement trompées par de fausses lueurs, ne peut-on donc espérer de les ramener au respect des lois, d’éveiller leurs remords et de les pénétrer d’horreur pour les crimes dont elles se sont souillées ? Quant aux autres, qu’une certaine férocité naturelle rend plus récalcitrans ou indomptables, on trouverait dans les travaux de Zaoudzi un régime qui fléchirait ces esprits rebelles et les plierait au joug que toute société a le droit d’imposer à ses membres. Un projet de loi, élaboré déjà par le conseil d’état, ne tardera pas sans doute à saisir l’assemblée nationale de ces questions : c’est au législateur de trouver une solution qui satisfasse à la fois et les instincts d’humanité de notre patrie et les nécessité de sa conservation. Nous n’avons prétendu donner ici que les impressions du voyageur.


TH. PAGE.