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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 octobre 1849.

L’union de la majorité, voilà le fait caractéristique de cette quinzaine, et ce fait est d’autant plus éclatant qu’on avait plus parlé des schismes et de divisions. Quelle joie pour le parti montagnard de voir se rompre l’alliance du président de la république et de la majorité de l’assemblée législative, de vaincre l’un par l’autre et de rentrer au pouvoir sur la ruine de tous les deux ! Quel triomphe, après cette rupture de l’accord établi entre le président et l’assemblée, de rompre encore l’accord établi entre les diverses nuances de la majorité ! L’affaire de Rome devait brouiller le président avec l’assemblée. L’abolition de la loi de bannissement devait brouiller entre elles les diverses fractions de la majorité. Voilà les calculs et les espérances du parti montagnard, et comme il s’applaudissait déjà ! comme il se trouvait profond politique ! comme il se vantait de son machiavélisme ! Quels charmans a parte avec son monde pour lui faire remarquer combien il était fin et matois ! Quand les violens se mêlent d’être habiles, ils le sont avec une fatuité singulière. Le parti modéré n’a pas eu besoin des avertissemens que lui donnait la joie du parti montagnard pour comprendre le danger des dissentimens ; mais, s’il avait eu besoin de conseils a ce sujet, les conseils ne lui ont pas manqué, et les meilleurs, ceux qui viennent de l’ennemi.

Dans l’affaire de Rome, nous n’avons jamais compris qu’un dissentiment put s’élever ou durer entre la lettre du président de la république et le rapport de M. Thiers. Il fallait évidemment un poète pour mettre en scène cette querelle qui n’était qu’une fiction. Aussi est-ce M. Victor Hugo qui s’est chargé de