Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/519

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SOUVENIRS


DE LA


VIE MILITAIRE EN AFRIQUE.




LE SAHARA ET LE GRAND DÉSERT.




I

Le nom des Rhomsi est certes bien peu connu en France, et pourtant les Rhomsi sont une vieille famille berbère en grand renom parmi les Assesnas, sauvages habitans des montagnes qui, non loin du poste français de Saïda, séparent le Tell du Serrsous. Ce sont nos plus fidèles alliés, et, depuis qu’ils ont fait leur soumission, en 1841, ils n’ont jamais manqué à la foi jurée.

Un jour, après s’être vaillamment battus contre Abd-el-Kader, les Rhomsi, pour échapper à la vengeance de l’émir, furent obligés de chercher un refuge chez leurs amis les Harars. Partant la nuit avec un peu d’orge et des vivres pour trois jours, ils espéraient les rejoindre près des Chotts. Vain espoir ! Il fallut se remettre en route, ne marcher que la nuit dans la crainte des coureurs ennemis, et pour guide, à travers cette houle de mamelons, les étoiles du ciel. Accablés de fatigue, ils s’endormirent ; le lendemain, au jour, ils étaient égarés. Sans se laisser abattre, les Rhomsi marchèrent encore long-temps, poussant devant eux leurs chevaux épuisés ; mais enfin la petite troupe s’arrêta, et comme elle délibérait sur le parti à prendre, l’horizon apparut un