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considérables. Le cadre d’activité et le cadre de non-activité lui coûté, en 1848 plus de 200 millions de francs ; le budget du service actif est de 165,508,826 fr. (6,554,805 liv. sterl.). Cette dépense donne le moyen de tenir à la mer 233 bâtimens, montés par 44,685 hommes, dans le nombre desquels figurent 16 vaisseaux de ligne, 35 frégates à voiles, 13 frégates et 21 sloops à vapeur. En outre, les ports maritimes de la Grande-Bretagne présentent 28 vaisseaux de ligne et 33 frégates en ordinaire, c’est-à-dire en commission de port, que la richesse et la bonne tenue des arsenaux permet d’armer et d’expédier en quelques semaines. Les bâtimens de guerre à vapeur compris dans la flotte active ont une force totale de 22,000 chevaux. Ceux qui sont déjà prêts ou qui seraient prêts en quelques heures à prendre la mer ont une force de 12,000 chevaux. L’Angleterre est loin, sans doute, de l’époque où elle couvrait l’océan de 177 vaisseaux de ligne et de 146,000 matelots, au prix d’une dépense qui excédait 474 millions de francs[1] ; mais une puissance maritime qui a pour elle la qualité et la quantité des équipages, qui tient en mer 51 vaisseaux de ligne ou frégates et la plus formidable flotte à vapeur du monde, qui peut aisément doubler ces forces au premier signal, conserve le rang que lui ont valu des succès non interrompus pendant plus d’un demi-siècle.

L’effectif de notre flotte ne semble guère inférieur par le nombre des bâtimens à celui de la flotte anglaise, car il comprend 207 navires de toute grandeur ; mais dans ce nombre ne figurent que 145 bâtimens armés, dont 8 vaisseaux de ligne seulement et 9 frégates, montés par 24,016 hommes. L’inégalité est peut-être moins grande dans l’escadre à vapeur, qui se compose de 54 bâtimens, dont 9 frégates, présentant une force de 11,030 chevaux. Nous avons en outre 62 bâtimens en commission de port, dont 16 vaisseaux de ligne, 11 frégates et 31 bâtimens à vapeur, qui présentent une force de 9,010 chevaux. La marine nous coûter 92 millions en 1850, non compris les travaux extraordinaires.

Si l’on mesure les dépenses au nombre des hommes embarqués, on trouvera que la flotte anglaise coûte relativement un peu plus cher que la nôtre. Toutefois, en considérant que la solde est beaucoup plus élevée en Angleterre, on reconnaît que les sommes consacrées annuellement par la France à sa marine auraient dû et devraient produire de plus grands résultats. Il y a là un vice d’administration, sur lequel est appelée en ce moment l’attention de l’assemblée nationale. Une meilleure organisation doit amener la réduction des dépenses, ou, avec la même dépense, l’accroissement de l’effectif en hommes, en bâtimens armés, et en constructions.

  1. En 1814.