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avait été diminué de 3,787 employés, et la dépense réduite le 976,822 livres sterling (24,664,755 francs). Depuis cette époque, l’accroissement du personnel et des dépenses à repris son cours, et l’on vient d’opérer à la hâte quelques réductions pour donner satisfaction l’opinion publique. En règle générale, nous multiplions infiniment trop les employés et les écritures ; nous dépensons beaucoup eu rémunérant pauvrement les personnes et les services. Les Anglais exagèrent le principe contraire : leur machine administrative est simple et fonctionne au moyen d’un petit nombre de rouages ; mais l’état fait à ceux qui le servent de traitemens princiers. Des secrétaires-généraux reçoivent 2,500 livres sterling par année, des premiers commis 1,000 à 1,500 livres sterling ; 100 livres sterling, est le moindre traitement d’un expéditionnaire. On va certainement au-delà de la prime qu’il est raisonnable et légitime d’offrir pour attirer dans la carrière des fonctions publiques les plus éminentes capacités. L’économie et la bonne administration se placent entre les deux systèmes[1].

Le budget de 1850 évalue à 151 millions de francs les frais de perception, de régie et d’exploitation pour un revenu de 1,415 millions, ce qui représente la proportion de 10 et demi pour 100. En 1848, les frais de perception se sont élevés, pour le royaume-uni, à 110,640,854 fr. (4,381,816 liv. st.), sur une recette de 1,450 millions (57,416,510 liv. st.), non compris l’argent de la Chine ; la proportion est ici d’environ 7 et demi pour 100. Je sais que les mœurs, la concentration de la richesse et cette position insulaire qui élève une barrière naturelle contre la fraude en matière d’impôt, expliquent suffisamment l’avantage de l’Angleterre. La surveillance préventive, dans les impôts indirects, est obligée de se multiplier chez nous avec le morcellement de l’industrie et des fortunes. Dans les douanes, la garde des frontières de terre exige un personnel deux fois plus nombreux et une dépense deux fois plus considérable que celle des frontières de mer ; enfin, le monopole des tabacs et celui des postes chargent, pour ces deux seuls articles, de 65 millions les frais de perception ou de régie, qui sont de 151 millions. Retranchez des dépenses de perception les frais de ces deux monopoles et leur produit des recettes générales, et vous trouverez que la récolte du revenu public coûte un peu moins de 7 pour 100 en France.

Nous pouvons cependant faire encore de notables économies. En réduisant le nombre des percepteurs, on augmentera aisément le produit net des contributions directes. En remplaçant par des droits modérés les prohibitions qui déshonorent notre tarif et qui le frappent de stérilité, on rendrait les douanes productives. Les résultats de cet

  1. la douane française présente un personnel de 25,000 employés ; il n’y en a pas autant dans toutes les branches réunies de l’administration générale en Angleterre.