La royauté unie au parlement ne coûte pas beaucoup plus cher d’un côté du détroit que l’établissement républicain de l’autre. Le compte annuel de la monarchie parlementaire s’élève à un peu plus de 19 millions de francs (759,462 liv. sterl.), tandis que la liste civile de la république française, assemblée nationale et pouvoir exécutif, impose au trésor un sacrifice de 9 à 10 millions, sacrifice qui, avec le temps, doit s’accroître.
L’administration centrale, sans être tout, comme on l’a prétendu, dans un pays voué par tradition et par caractère à la centralisation, a cependant une grande importance. Les dépenses qu’elle entraîne en France doivent naturellement se compter par millions. Le gouvernement monarchique les avait augmentées sans mesure ; le gouvernement républicain, depuis février 1848, a peut-être exagéré les réductions et affaibli quelques services. Quoi qu’il en soit, les administrations centrales sont portées au budget de 1850 pour la somme de 13,197,944 francs[1], ce qui représente une diminution de 2 millions environ sur les crédits de 1847. En y ajoutant les dépenses de la cour des comptes, du conseil d’état, des monnaies et médailles, etc., on obtient un total de 15,555,344 fr. Quinze millions et demi, voilà ce que coûtent les rênes du gouvernement en France.
Il est difficile de se rendre compte des frais de l’administration centrale en Angleterre, de ce que l’on pourrait appeler, en empruntant le style commercial de ce peuple, les frais généraux du gouvernement. La Grande-Bretagne, par le seul fait de l’immense développement qu’y prennent les intérêts politiques, tend, de plus en plus à rassembler et à grouper en faisceaux les rayons épars de son administration ; mais comme la centralisation n’y est pas systématique ni naturelle, les essais que l’on en fait sans ordre comme sans choix, sous la pression des besoins qui se révèlent, ne s’enchaînent pas, ne sont pas liés par la dépendance étroite de la hiérarchie, coûtent fort cher et laissent voir un grand déploiement de forces perdues. En général, lorsque l’état veut ressaisir ou exercer une juridiction sur des intérêts dont il n’avait pas la tutelle,
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AMINISTRATIONS CENTRALES 1850 1847 Justice 478,500 fr. 574,500 fr. Affaires étrangères 56,400 707,122 Instruction publique 477,250 565,500 Cultes 232,390 241,999 Intérieur 1,168,000 1,278,000 Agriculture et commerce 688,150 714,500 Travaux publics 608,654 641,500 Guerre 2,267,300 2,570,470 Marine et colonies 878,300 1,120,074 Finances 5,835,100 6,630,623 TOTAL 13,197,944 fr. 15,044,238 fr.