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les lois, surtout en refusant à Catherine une alliance offensive et défensive, ceux-ci avaient encouru son inimitié Dès que la faction qui se vantait du titre de patriotique eut appris la disgrace de ses adversaires, elle courut à Pétersbourg et invoqua la protection qu’elle leur avait tant reprochée ; Podoski, ancien partisan de la maison de Saxe, mit sous les auspices de Catherine une confédération nouvelle ; le comte Braniçki y adhéra. Les confédérés voulurent placer à leur tête ce Nestor de la république de Pologne ; mais un ordre de Catherine leur donna un chef et leur enjoignit d’élire pour leur maréchal (président) le prince Radziwil, deux ans auparavant ennemi déclaré de l’impératrice. On la supplia de renverser le roi qu’elle avait couronné. Elle ne promit point de retirer son bras de Stanislas-Auguste, mais l’espérance tint lieu de réalité ; et comme l’anarchie polonaise était réglementée par une législation très positive qui contenait des formules pour tous les cas, et que le désordre y était soigneusement prévu, les patriotes signèrent la confédération à Radom, sous la clause : Salvis salvandis. Ainsi le parti patriotique, qui avait si violemment attaqué Catherine II dans ses manifestes et dans ses universaux, se vantait maintenant du patronage de cette princesse. À peine constituée, la confédération de Radom fut entourée d’un cordon de troupes ; quarante mille Russes, appelés par les confédérés, pénétrèrent dans l’intérieur de la république et servirent d’escorte au prince Radziwil. Ce palatin, revêtu d’habits magnifiques, couvert d’or et de pierreries, entouré de deux mille gentilshommes et suivi d’un peuple immense, rentra en triomphateur dans Varsovie, sous la protection des drapeaux qui naguère l’en avaient chassé.

Dès ce moment, la capitale de la Pologne ne présente plus qu’une arène confuse où la violence combat la violence ; la diète devient une horrible mêlée. Les Czartoriski succombent : ils sont forcés de signer le rétablissement du liberum veto et de tout le code anarchique dont ils ont voulu affranchir leur patrie ; mais rien n’est fini. Les dissidens réclament à grands cris le droit commun ; les évêques, tout-puissans dans l’assemblée déclarent que c’est la ruine de la religion elle-même. Le roi éperdu frappe à toutes les portes ; il est repoussé de toutes parts ; il met sa couronne aux pieds de tous les partis ; au clergé, il dit qu’il veut mourir pour la foi catholique ; aux dissidens, il parle philosophie moderne ; à Radziwil, vieilles lois et vieille Pologne : personne ne l’écoute : tous demandent sa déchéance. Dans une séance solennelle, il s’évanouit sur son trône. Mais voilà que, sous la menace de Repnin et des Polonais du parti russe, les dissidens sont appelés au partage de tous les droits civils ; la loi qui les réhabilite est garantie par l’impératrice. Le Clergé catholique en appelle au saint-siège et prêche la croisade. Repnin fait arrêter deux évêques ; ils partent pour le camp russe, et de là