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ÉTUDES DIPLOMATIQUES


SUR


LE DIX-HUITIÈME SIÈCLE.




III.
LE PARTAGE DE LA POLOGNE EN 1772.[1]




III

Parmi les calamités sans nombre qui poursuivent l’espèce humaine, ce qu’il y a de plus fatal et de plus triste, c’est d’avoir été le dernier représentant d’un ordre de chose ancien et respecté, d’être le dernier roi d’une glorieuse monarchie ou le dernier doge d’une république illustre, de dater de son nom le dernier jour de sa dynastie ou de sa ville, et d’en conduire éternellement les funérailles à travers l’histoire. Encore reste-t-il un dédommagement à ces grandes victimes du destin : la dignité de leur malheur protége leur mémoire et la rend sacrée ; mais, à part l’exception toujours si rare du génie, lorsqu’un homme monte sur le faîte et en tombe presque au même moment, lorsqu’il assiste à la destruction de l’établissement politique fondé par lui ou pour lui, toujours ses contemporains, sauvent la postérité elle-même, le jugent avec une impitoyable rigueur. On ne veut plus voir que ses

  1. Voyez la livraison du 1er  octobre.