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elle une occasion de s’éclairer une bonne fois sur ses intérêts positifs, qu’elle a si long-temps négligés ; nous voudrions qu’elle prît enfin à cette dure école l’habitude de veiller avec intelligence et assiduité à sa politique matérielle. Puissions-nous comprendre aujourd’hui que la vie d’un peuple ne se concentre pas dans ces débats constitutionnels et de politique pure d’où sont sortis tant de troubles et de révolutions, vulgaires détails ; si l’on veut, en donnant ses soins au ménage national, si l’on peut ainsi s’exprimer, on aurait une action plus forte et plus salutaire sur les masses ! Le peuple peut se méprendre sur un devoir ou sur un droit ; mieux instruit, il se tromperait rarement sur un intérêt.

Voici en résumé quel est, dans la série des questions d’intérêt matériel et de finances, l’ordre du jour imposé à l’assemblée législative a sa réouverture, voici quels sont les travaux laissés à l’étude il y a six semaines : impôt de 200 millions, création d’obligations du trésor à échéances indéterminées, suivant la proposition de M. Passy ; concession du chemin de fer de Paris à Avignon garantie à faire accorder par l’état au chemin de fer d’Avignon à Marseille sur un emprunt de 30 millions ; impôt des boissons ; impôt sur le revenu ; substitution de l’industrie privée à l’administration des postes pour le service des dépêches dans le Levant, etc. Plusieurs de ces questions ont été étudiées déjà dans ce recueil par les hommes les plus compétens ; nous voudrions en ce moment exposer quelques idées sur deux des plus pressantes, que nous croyons susceptibles de se résoudre l’une par l’autre, au profit du public et de l’état, au moyen d’une combinaison qui nous paraît reposer sur des argumens financiers décisifs, et que nous savons puissamment appuyée. Ces deux questions, dont on ne prévoit pas sans doute la connexité, sont celles que soulèvent d’un côté l’achèvement de la ligne de fer de Paris à Avignon, et de l’autre l’emprunt. Ces deux affaires ont ceci de commun, qu’elles se présentent toutes les deux, dans les propositions ministérielles, sous un jour défavorable. Nous ne nous associons point aux attaques violentes que l’opposition a dirigées contre le projet de concession du chemin de fer de Paris à Avignon soumis à l’assemblée par M. Lacrosse l’opposition n’a fourni d’ailleurs, suivant son habitude, aucune idée acceptable pour modifier ce projet ; mais il est évident, à première vue, que le gouvernement pouvait tout à la fois, en accordant moins à la compagnie qui a sollicité la concession, lui accorder mieux et exiger d’elle davantage. Quant au projet d’emprunt, il est évident que le gouvernement ne pourra emprunter en ce moment 200 millions qu’à des conditions fort dures L’affaire du chemin de fer et l’affaire de l’emprunt se rencontrent d’ailleurs en ceci, que, faisant toutes deux d’énormes appels aux capitalistes, elles se feraient concurrence et se nuiraient mutuellement sur le marché de l’argent. Cette considération n’est pas indifférente déns un moment où un emprunt autrichien et un emprunt piémontais vont peser sur le crédit européen. Serait-il possible de trouver une concession du chemin de fer de Paris à Avignon plus profitable à l’état que celle qui a été proposée ? Serait-il possible de procurer à l’état les 200 millions dont M. Passy a besoin à des conditions plus avantageuses que celles qu’on doit attendre dans les circonstances actuelles ? Voilà le problème que nous nous proposons. Nous croyons en avoir trouvé la solution dans une combinaison ingénieuse qui allierait ces deux opérations financières. Avant