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seconde chambre dissoute. Un jour après, le 28, Frédéric-Guillaume refusait sans détours la couronne impériale, et, protestant contre la constitution de Francfort, il invitait les gouvernemens à former un congrès. Ainsi, cette ambitieuse charte de l’église Saint-Paul était solennellement déchirée, et les souverains se disposaient à refaire l’œuvre de l’assemblée nationale.

Pendant que ces choses se passaient à Berlin, l’agitatation parcourait toute l’Allemagne. À Dresde, à Carlsruhe, à Munich, les chambres se prononçaient pour la constitution de Francfort, et les démagogues profitant de la colère des libéraux, s’emparaient partout du mouvement pour assiéger le pouvoir. La crise fut terrible à Stuttgart. L’immense majorité de la seconde chambre, appuyée par l’opinion, voulait obtenir du roi la reconnaissance de la constitution de l’empire, et le ministère lui-même s’associait à ce voeu. Le roi résista ; le 19 avril, il signifiait à ses ministres un refus longuement motivé, au moins pour ce qui concernait l’élévation de la Prusse. Le ministère offrit sa démission, et des hommes suspects au parti libéral se préparaient à prendre sa place. L’effervescence publique s’accroissait d’heure en heure ; on était dans un de ces momens où il suffit du prétexte le plus léger pour que les barricades se dressent. La chambre, tout en s’efforçant de contenir l’émeute, était bien résolue à ne point céder. M. Roemer, le ferme et intelligent ministre, jusque-là l’une des plus pures renommées du parti libéral et le plus intrépide adversaire de la démagogie, M. Roemer lui-même se laissa compromettre dans ces voies périlleuses où le parlement de Francfort entraînait les patriotes aveuglés. Il raconta à la tribune tout ce qui s’était passé, les inutiles instances du ministère et les refus obstinés de la couronne. La chambre nomma une députation chargée de présenter une adresse pressante, impérieuse, une adresse que sept voix seulement avaient refusé de voter. La réponse du roi fut pleine de fermeté et de franchise. Il exposa la situation, il rappela et expliqua les faits avec un bon sens supérieur : « Comment, disait-il, reconnaître une constitution qui n’est pas encore achevée ? L’élu du parlement de Francfort n’a pas accepté ; est-il possible de reconnaître ce qui n’existe pas ? Je jure que j’admets toute la constitution impériale, sauf le chapitre de la souveraineté de l’empire. Je ne me soumets pas à la maison de, Hohenzollern ; je dois à mon pays de ne pas m’y soumettre, je le dois à mon peuple et à moi-même. Si tous les princes d’Allemagne faisaient ce sacrifice, je m’y résignerais aussi par esprit de concorde, je m’y résignerais le cœur brisé. Je puis y être forcé par l’insurrection ; mais, si vous vous placez sur le terrain révolutionnaire et que vous m’arrachiez mon consentement, ce consentement n’aura pas de valeur ; je le retirerai dès que je serai redevenu libre… Le peuple est animé d’un bon esprit ; je ne vois ici