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Tout cela s’adresse au parlement ; puis vient un examen, une critique de la constitution votée à Francfort, critique affectueuse et bienveillante, comme il convient au prétendant que cette constitution peut faire monter sur le trône de l’empire. Ce sont tantôt des observations amicales, tantôt des conseils donnés avec, ménagement, tantôt même des demandes adressées par Frédéric-Guillaume IV à ses amis de l’église Saint-Paul. Il les prie donc 1° de limiter davantage la compétence du pouvoir central, à la condition de lui assurer, dans ces limites plus étroites, une force et une autorité plus sérieuses ; 2° de donner le plus de garanties possible à l’existence des états particuliers, de ne leur imposer que les sacrifices de pouvoir et d’indépendance absolument nécessaires à l’établissement de l’unité. Et ici, se tournant vers l’Autriche, le cabinet de Berlin répète et commente les paroles du 4 février contre la centralisation ; puis, s’adressant de nouveau à Francfort : « L’autorité centrale doit être forte ; les souverains ne sacrifieront jamais une part de leur indépendance, si ce n’est en faveur d’une autorité sérieuse et capable de représenter l’Allemagne. » Bref, le résumé de la note était une sorte de conciliation fantastique entre le système de Francfort et le système autrichien ; une fédération et un empire, voilà ce que demandait Frédéric-Guillaume IV. Comment ces deux formes pouvaient coexister sans se détruire, le cabinet de Berlin se gardait bien de l’expliquer ; il lui suffisait d’avoir embrouillé la question, et d’apaiser un instant l’Autriche sans décourager le parlement.

Le cabinet de Vienne riposta par une nouvelle note en date du 27 février. Dans sa dépêche du 4, il indiquait surtout ce que ne voulait pas l’Autriche : « Point d’empire unitaire, point de centralisation qui puisse absorber les états particuliers ; ce gouvernement central, en quelques mains qu’il soit remis, n’obtiendra jamais la soumission de la dynastie des Habsbourg. » Dans sa note du 27, l’Autriche faisait clairement ses intentions : elle proposait son plan pour la reconstitution de l’Allemagne. Au lieu d’un empire, elle demandait un directoire composé de neuf membres ; l’Autriche et la Prusse auraient chacune deux voix dans ce conseil, la Bavière en aurait une, et les quatre derniers représentans appartiendraient aux états secondaires. Le cabinet prussien, répondant à ce manifeste dans sa note du 10 mars, déclara qu’il était tout prêt à discuter sur cette base et avec les autres gouvernemens et avec l’assemblée de Francfort. C’était toujours, comme on voit, la même politique, toujours une apparente soumission à l’Autriche, un empressement hypocrite à accueillir ses voeux, et toujours aussi les plus grands ménagemens pour ces législateurs de l’église Saint-Paul, qui tenaient dans leurs mains la couronne impériale.

Cependant, que pensait Francfort ? que disait-on à Saint-Paul de cette protestation de l’Autriche contre l’œuvre du parlement ? Les esprits,