Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/1085

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES
FANTÔMES DE LA DÉMAGOGIE.


I — LA NUIT DE WALPURGIS.
II — LA DANSE DES MORTS DE FÉVRIER 1848.
III — LES CONFESSIONS D’UN RÉVOLUTIONNAIRE.

Séparateur


Nous ne savons plus quel sceptique prétendait qu’il aimait mieux rencontrer la nuit sur son chemin un spectre qu’un vivant. En effet, disait-il, un homme qui possède à la fois un corps et une ame est bien plus redoutable qu’un fantôme, qui n’est, après tout, qu’une ame errante dépourvue d’un corps. Ce qui la rend si redoutable n’est que son invisibilité, ses longs gémissemens, l’horreur de la nuit et les circonstances de temps et de lieu au sein desquelles elle apparaît. — Nous sommes tout-à-fait de cet avis. Les fantômes n’ont d’autres pouvoirs que ceux nous nous leur prêtons. Les frayeurs qu’ils causent, l’effroi qu’ils inspirent sont leurs armes les plus terribles. Le socialisme est-il un fantôme ? La société, au contraire, doute-t-elle de sa réalité ? Si la société est une réalité, elle a en elle une force double de celle que possède le socialisme. Pourquoi donc s’effraie-t-elle ? Pourquoi, au lieu de marcher droit sur lui pour l’interroger, les hommes de notre temps s’arrête-t-ils à deviser entre eux, à se communiquer leurs craintes, comme les compagnons d’Hamlet sur l’esplanade du