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des diverses directions, et lui laisser entrevoir la possibilité d’un avancement supérieur. La commission d’enquête ne manquera pas d’étudier cette question.

Il a été fait une singulière et instructive remarque sur le service dans les arsenaux ; elle n’échappera pas à la commission. On sait que les arsenaux sont divisés en trois principales directions, celle de l’artillerie, celle des mouvemens du port, et celle des constructions. On remarque que ce qui est fait par la direction de l’artillerie, où les chefs et les ouvriers sont militaires, est toujours rigoureusement et rapidement exécuté ; que ce qui est fait par la direction des mouvemens du port, où les chefs sont militaires et les ouvriers civils, l’est moins rigoureusement et moins rapidement ; enfin que ce qui émane de la direction des constructions, où les chefs et les ouvriers sont civils, ne s’exécute que plus lentement et moins régulièrement. Il est loin de ma pensée de vouloir produire aucune insinuation malveillante contre le corps du génie maritime. Dans la marine, nous sommes tous solidaires les uns des autres ; c’est le corps entier dont j’ai pris en main la défense contre de publiques attaques ; je veux dire tout ce qui est vrai et juste : je dois donc aussi signaler nos défauts d’organisation. Les ingénieurs de la direction des constructions, comme les officiers de la direction des mouvemens du port, n’ont point assez d’autorité, — les premiers surtout, qui ne sont pas militaires, — sur leurs ouvriers civils. L’organisation des ouvriers d’artillerie est un exemple tentant avec les excellens résultats qu’elle présente, résultats qui se traduisent en économies sensibles de temps et d’argent. Un danger existe pour l’état, surtout à une époque de subversion du principe d’autorité. L’état est constamment exposé, — et ce danger se présentera dans un moment donné qui sera toujours un moment difficile, — est exposé à une grève des ouvriers ou à des conditions exorbitantes de leur part. Il y a là, encore matière à de profondes études pour la commission d’enquête. La question est des plus ardues, et, pour la résoudre, elle aura besoin de toute sa fermeté, car elle rencontrera les résistances les plus vives. Cette solution sera un des bienfaits les plus durable dont elle pourra doter la marine.

Il est impossible encore de ne pas relever ce qui a été dit sur ce mot si pompeux : la désorganisation des équipages. Les équipages n’ont pas cessé d’être aussi bien organisés qu’ils l’ont toujours été. Les plus simples notions des choses de la marine apprennent que les matelots servent trois ans environ à bord des bâtimens de guerre. Dès qu’un bâtiment rentre en France, et même ce mouvement a lieu quelquefois à l’étranger, tous les matelots ayant trois ans de service sont congédiés et remplacés par des hommes de nouvelle levée. Si la campagne a été