Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/1068

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le parlement anglais n’entre point dans des si minutieux détails par la raison toute simple que le point de départ, de l’administration anglais est la confiance dans ses gens. Aussi, en Angleterre, quand un agent est trouvé en faute, il est poursuivi avec un acharnement d’autant plus juste que la confiance a été plus grande en lui, et toutes les rigueurs de la société lui sont réservées, témoin le remarquable procès de lord Melville au commencement de ce siècle. C’est la distinction que fait notre code entre le détournement ordinaire et le détournement par abus de confiance ; elle est passée dans les mœurs. Il y a une plaie d’un autre genre dans le parlement anglais, et on remarque qu’elle affecte de préférence la marine. Lorsque quelqu’un des membres veut avoir un renseignement sur un détail quelconque d’un service public, le plus souvent pour la satisfaction de quelques commettans ; il en fait la demande publique au parlement, lequel ordonne, s’il le juge convenable, ce qui a presque toujours lieu, la production de ce renseignement par le ministère compétent. Ce travail est imprimé et distribué et ces impressions, qui font partie de ce que l’on appelle les Parliamentary Papers, ne coûtent pas moins de plusieurs millions par an. Les renseignemens que fournit ainsi le gouvernement sont cependant les plus succincts possible, et le plus souvent inexacts, incomplets ou exagérés.

Certes il semble déplorable au premier coup d’œil, et on l’a fait remarquer avec raison, que le nombre et la solde de administrans dépassent le nombre et la solde des administrés ; mais, quoi qu’on fasse, si on veut continuer à se rendre compte comme il est d’usage de le faire actuellement, on ne pourra pas simplifier. La seule superfétation, c’est le contrôle, œuvre de la commission du budget de 1843. L’armée a-t-elle un contrôle ? Pourquoi cette méfiance des employés, et, de défiance en défiance, pourquoi ne serait-on pas amené à contrôler les contrôleurs ? C’est ainsi qu’on est conduit à l’absurde en poussant un principe au-delà de ses limites. Oui, un contrôle est nécessaire ; mais ce contrôle, c’est l’autorité ; ce contrôle, c’est celui que le chef doit exercer sur ses subordonnés Enfin, le grand contrôle national, c’est la cour des comptes. N’est-ce point là le vrai contrôle de toutes les administrations ? Si on veut conserver quelque chose qui s’appelle le contrôle, que l’on garde les principaux des contrôleurs actuels, ils sont l’élite de l’administration et qu’on les fasse rayonner de Paris dans les arsenaux et les établissemens maritimes, de la même manière que le font les inspecteurs des finances. Là il y aura contrôle, et contrôle vraiment efficace.

En Angleterre, des membres de l’amirauté arrivent souvent inopinément dans un arsenal, dans un atelier. Cette épée de Damoclès, l’arrivée d’un lord de l’amirauté, empêche plus de mal que tous les employés de notre contrôle, que l’on s’est habitué à avoir constamment près