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LA


LIBERTÉ AUX ÉTATS-UNIS.


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Le peuple américain est renommé pour être libre, il aime à l’être, il l’est ; mais comment entend-il la liberté ? Comment la pratique-t-il ? Voilà ce que je voudrais essayer de dire ici.

Le sujet est très vaste, et je suis forcé de le scinder. Je ne m’occuperai pas ici de la liberté politique, je veux dire du droit que possède et qu’exerce l’Américain de prendre part au gouvernement de sa patrie, de son état, de son comté, de sa commune. Aussi bien le sujet a été traité avec une si grande supériorité et avec tant de développement par M. de Tocqueville, qu’il serait téméraire de s’y risquer. La liberté dont je me propose de parler ici est la liberté civile. La liberté civile est l’objet de la liberté politique ; celle-ci est le bouclier de celle-là, bouclier quelquefois, hélas ! aussi difficile à manier que celui du grand Ajax.

I. – La liberté de la personne et du domicile.

L’Américain est, de tous les hommes, celui qui a au plus haut degré la liberté de sa personne ; il est, sous ce rapport, libre comme l’air. C’est lui qui use du droit d’aller et de venir, ainsi que disait la première ébauche de notre constitution de 1848, sans avoir à en rendre compte. Le passeport est inconnu aux États-Unis, tout comme en Angleterre. L’Américain ne peut être appréhendé au corps sans de graves motifs, dont les magistrats sont juges. Aux États-Unis, la liberté individuelle est garantie contre toute séquestration arbitraire par la loi de l’habeas corpus, que les colons anglais apportèrent de la mère-patrie