Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/908

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne lui a pas imposé, du reste, de grands sacrifices, car telle a été la stabilité des cours pendant les quinze dernières années de la monarchie, que cet amortissement exceptionnel n’a employé que 2,801,000 fr[1].

Tel était l’état des choses, lorsqu’éclatèrent les événemens de 1840. Le budget des recettes ordinaires balançait le budget des dépenses ordinaires et fournissait même une partie de la dotation des grands travaux publics ; cette dotation était complétée par les réserves de l’amortissement. Les événemens de 1840 modifièrent cette situation. La question d’Égypte menaça l’Europe d’une conflagration générale ; des armemens extraordinaires devinrent indispensables ; la politique qui croyait à la guerre dut les faire, la politique qui croyait à la paix dut les maintenir. Dans les grandes crises, la force est nécessaire pour traiter comme pour combattre ; mais il est plus difficile de poser les armes que de les prendre ; les défiances réciproques survivent à ces formidables conflits, et la paix reste long-temps armée comme la guerre. On retrouve dans nos budgets les traces de cette situation incertaine. Pendant que les dépenses courantes restaient à leur niveau accoutumé, le ministère de la guerre porta rapidement les siennes de 241 millions à 367 millions en 1840, et à 385 millions en 1841, et le ministère de la marine de 99 millions à 124 millions à 130 millions[2]. Les années les plus difficiles qui suivirent la révolution de juillet firent à peine peser sur nos finances des découverts plus onéreux ; de 1840 à la fin de 1842, ces découverts, s’élevèrent à près de 400 millions[3]. Toutefois cet embarras du trésor, résultat passager d’une situation dont on entrevoyait le terme, n’ébranlait ni la sécurité, ni la prospérité publiques. La conservation de la paix était dispendieuse, mais la paix était de plus en plus assurée, et la confiance générale ne marchandait pas le prix de cette stabilité ; Même en présence d’emprunts inévitables, le cours des rentes montait sans cesse, et les revenus indirects, accélérant leur progression déjà si rapide, s’élevèrent en ces trois années de 93 millions[4].

Il fallait régler la situation du trésor : si cette situation demandait

  1. Compte des finances pour 1847, page 476.
  2. Ibid., pages 372-373.
  3. Ibid., page 477 :
    Exercice 1840 138,004,529 fr. 138,004,529 fr.
    Exercice 1841 132,044,665
    « 18,694,405 150,739,070
    Exercice 1842

    [

    108,612,172
    397,355,771 fr.
  4. De 661,891,645 fr., montant des revenus indirects de 1839, à 754,851,176 fr., montant des revenus indirects de 1842.