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puritains discouraient sur la grace avec un nasillement pieux ; des cafés suspects, où le peuple se figurait que les papistes tramaient des complots contre l’église et fondaient des balles d’argent pour tuer le roi ; des cafés borgnes, où les juifs allaient escompter leurs usures. De ces foyers de fermentation politique, le récit des événemens quotidiens et le feu des polémiques s’allait répandre dans le royaume par les Newsletters, c’étaient des espèces de gazettes épistolaires, car à cette époque la liberté de la presse n’existait point pour les journaux ; il fallait une permission du roi pour publier un écrit périodique. Les Newsletters, sorte de nouvelles à la main, suppléaient à cette lacune et circulaient lentement au fond des provinces. Donc c’était Londres qui concentrait la vie politique de l’Angleterre. Mais l’élément prépondérant de Londres était la classe commerçante favorable aux dissidens en religion et aux whigs en politique. La Cité se dressait en face de la royauté, le Guildhall contre Whitehall. L’antagonisme avait fait explosion avant l’avènement de Jacques II. Charles II, peu de temps avant sa mort avait aboli la vieille charte municipale qui était l’orgueil et la force des marchands de Londres.


III

Les hommes qui avaient leur place marquée dans la péripétie inévitable étaient merveilleusement assortis à leurs rôles. Les grands acteurs entre lesquels se devait livrer la lutte finale étaient Jacques II et Guillaume d’Orange. Autour d’eux, dans l’intervalle qui les séparait, il faut distinguer plusieurs groupes. Les familiers, les favoris, les instrumens aveugles de Jacques II, — ici se rencontrent le jésuite Petre, les courtisans Jermyn, Talbot, le juge-bourreau Jeffreys ; — les tories dévoués au roi, mais qui ne le suivirent point jusqu’au bout de ses volontés, tels que les deux frères Clarendon et Rochester ; les trimmers dont Halifax était le représentant le plus achevé ; ceux qui allièrent la servilité à la trahison, comme Churchill et Sunderland ; enfin, les ennemis déclarés, les whigs conspirateurs, comme Argyle et Monmouth.

Le caractère commun aux hommes politiques de ce temps, c’est le scepticisme, la versatilité, l’immoralité, la corruption. Parmi les hypocrisies des révolutionnaires, il n’y en a point de plus dégoûtante que leur apparente colère contre ce qu’ils appellent la corruption ; toute l’histoire crie en effet que rien ne pourrit un peuple comme les révolutions politiques. Les révolutions corrompent les hommes dans leur esprit, dans leurs sentimens et dans leurs actes. Quand on voit des institutions détruites remplacées par des institutions qui avortent plus honteusement, quand on voit la royauté renversée au nom de la liberté et au profit de la république, et la république ne fonder que le désordre