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s’il est Dieu, il est infaillible ; la raison souveraine du peuple souverain ne peut se tromper ; donc la démocratie est la seule forme politique sous laquelle puisse exister socialement et politiquement le Dieu multiple et un tout ensemble ; s’il est Dieu, tout lui est permis, toutes ses passions sont saintes. Rappelez-vous enfin tout ce que M. Pierre Leroux a dernièrement exposé à la tribune en répondant à M. de Montalembert.

Nous nous garderons bien de parler en détail des pamphlets de MM. Louis Blanc et Victor Considérant ; nous n’apprendrions absolument rien à nos lecteurs. M. Considérant est toujours le même, ou plutôt il n’est plus même ce qu’il a été, et son dernier livre n’est pas fait pour augmenter sa réputation. M. Considérant, le dernier soutien et le chef le plus éminent (si éminent il y a) de l’école fouriériste, est aussi diminué que M. Enfantin, le grand-prêtre du saint-simonisme. M. Louis Blanc a écrit une introduction à son journal, où, dès les premières pages, il se montre plus âcre, plus corrosif, plus amer que jamais. La maladie qui se révèle dans les écrits des deux honorables socialistes est celle dont nous avons donné le nom, c’est la glorification de l’humanité par elle-même, la croyance en l’humanité, l’enivrement de l’homme, les tendances entièrement terrestres du XIXe siècle. Au lieu de nous attacher aux livres de M. Louis Blanc et de M. Considérant, qui ne sont que des symptômes de leur temps, attachons-nous donc au mal en lui-même et suivons-le dans la politique ; dans la science, dans l’activité de notre époque, dans sa philosophie, dans sa morale, dans sa littérature.

De tous les gens qui ont proclamé exclusivement la prépondérance du principe humain sur le principe divin, la nécessité de cette prépondérance, son triomphe comme un progrès et comme une loi fatale du progrès, il n’en est pas qui l’aient proclamé avec plus d’ardeur que les radicaux de toute nuance. Il n’y a pas de parti qui ait mis plus de confiance en la nature humaine, et, comme pour montre que le contraste est une des lois de ce monde, il n’y a pas de parti qui ait compté plus d’ames coupables, plus d’orgueils, plus d’ambitions dévorantes, plus de cœurs insensés. Il est probable qu’ils se récrieraient bien haut si on les accusait d’être un parti impie et athée, je prends ce mot dans son acception la plus large. Je ne les accuse point de ne pas croire à un dieu quelconque, je sais quels sont les dieux qu’ils adorent. Je sais aussi que, dans notre temps, il existe des ateliers de confection, des officines et des boutiques où il est facile de se procurer une religion et un dieu à très bon compte. Ce sont de petits objets de luxe philosophique nécessaires à l’honnête homme pour rasséréner entièrement son ame, compléter son système, étendre son comfort intellectuel. Ils peuvent aussi servir dans l’occasion, et on peut les exhiber comme