Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/600

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La
Télégraphie aérienne
et
la télégraphie électrique.


Depuis quatre ans bientôt, le télégraphe électrique est établi en France, il fonctionne sur les chemins de fer de Paris à Lille et de Paris à Rouen. On peut dire cependant, sans rien exagérer, que l’administration est encore à peu près seule dans le secret de l’entreprise ; quand on vient à parler de l’existence, dans notre pays, de la télégraphie électrique, on ne rencontre guère que des sceptiques ou des incrédules. Les journaux anglais et les feuilles américaines proclament à l’envi les étonnans résultats obtenus au Nouveau-Monde et dans le Royaume-Uni par cette invention admirable, et on ne sait pas que chaque jour de semblables merveilles se reproduisent chez nous, mais jusqu’ici sans grande utilité. D’où vient cette ignorance ? d’où vient cet étrange oubli qui pèse sur nos établissemens de télégraphie électrique ? C’est qu’on n’a rien fait, il faut bien le dire, pour populariser en France une si précieuse découverte. À Londres, le gouvernement, le commerce, les besoins privés des citoyens en retirent des services de tous les jours et de tous les instans aux États-Unis, le nouveau télégraphe transporte d’une extrémité du pays à l’autre les interminables messages du président de la république, il transmet aux provinces les avis de la métropole et sert d’intermédiaire à un grand nombre de transactions privées. En France, au contraire, aucune occasion ne vient jamais s’offrir de révéler par quelque éclatant service l’existence de cette conquête nouvelle de la science. À ne considérer que les résultats, on croirait vraiment pie la télégraphie électrique n’existe pas chez nous.