sa valeur. Il est d’un noble style, et fait penser aux terrifiantes mosaïques de la voûte du baptistère à Florence. Le même sentiment a inspiré sa Vierge aux Douleurs, mais c’est dessiné, comme on dit, avec un clou. Au reste, il y a dans tout ce que fait M. Galimard un parti pris d’archaïsme qui rend avec lui toute discussion impossible. À quoi bon s’évertuer à prouver qu’une pièce d’étoffe n’est point une feuille de tôle, et que les cassures d’une draperie ne présentent pas dans la nature l’anguleux aspect d’une figure trigonométrique, comme dans une certaine Junon jalouse que Dieu vous préserve de rencontrer ? M. Galimard sait cela, et, s’il tient à son système, tous les raisonnemens du monde ne le ramèneront pas. Essayez donc aussi de dire à M. Balze que les draperies, les flots, la barque de son Christ calmant la tempête, sont uniformément taillés dans un même bloc de granit ! Il répondra qu’il procède de Raphaël, comme M. Galimard procède des Étrusques. Il n’est si mince cadet aujourd’hui qui ne se réclame de quelque haut parentage.
À qui sommes-nous redevables de cette glorification de saint Quentin entreprise par M. Ronot ? M. Ronot paraît voué au culte de saint Quentin. Il le montre d’abord prêchant l’Évangile à un auditoire de druides et de guerriers barbus dont les sourcils froncés n’indiquent pas des esprits bien dociles à la grace. À quelques pas de là, nous retrouvons le saint prêt à être décapité. L’approche du trépas peut certainement blêmir le visage du plus intrépide et du plus résigné ; mais il est impossible qu’elle produise une teinte verdâtre pareille à celle dont M. Ronot a enduit tout le corps de son personnage. Ce corps-là est un cadavre, un cadavre déjà ancien, qui a séjourné dans la rivière. Quand on voit des tableaux comme ceux de M. Ronot, de M. Coutel, de M. Colas, on se demande où ces artistes ont étudié la figure humaine. Parce qu’on fait des Juifs ou des Gaulois, ce n’est pas une raison pour leur donner des airs aussi effroyables.
Je ne citerais pas les Disciples d’Emmaüs de M. Janet-Lange, Jésus chez Marthe et Marie de M. Croneau, et surtout deux pendans de M. Riesener, la Naissance de Jésus-Christ et la Naissance de la Vierge, si ces tableaux n’étaient inscrits sur le livret comme commandés par le ministère de l’intérieur. Le ministère de l’intérieur n’est pas toujours heureux dans ses commandes. Quel beau service il aura rendu à l’art en encourageant la création d’œuvres pareilles, et combien seront heureuses les paroisses que la munificence gouvernementale dotera de ces pieux monumens ! C’est, disons-le en passant et d’une manière générale, une grave et délicate question que celle des secours et encouragemens à donner à l’art. Sans apporter le zèle farouche d’un prédicant d’économie et sans marchander quelques milliers de francs sous prétexte qu’ils seraient mieux employés à acheter des rails, il serait temps