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I. – PEINTURE RELIGIEUSE ET HISTORIQUE.

Dans la série des imitations, les sujets religieux forment, comme toujours, le contingent principal. Pastiches sans goût, reproductions insipides de lieux communs italiens éternellement rebattus, ces sortes de machines se construisent, comme les vers latins se font au Collège, avec des hémistiches pillés à droite et à gauche dans le Gradus ad Parnassum. On copie en détail, on larronne maladroitement. Ce Christ a été pris en Italie, cette Vierge en Allemagne ; le saint Jean est manifestement de fabrique espagnole. Faites-nous donc plutôt une bonne copie de Rubens ou de Daniel de Volterre, tout le monde y gagnerait. Mais M. Coutel veut avoir son Calvaire, M. Colas son Elévation du Christ, M. Lecomte sa Visitation, etc. ; en outre, chacun a la prétention d’y mettre du sien. Que dire, hélas ! de ces variantes ? M. Coutel introduit une scène de pugilat au pied de la croix entre deux soldats jouant aux dés, dont l’un, par parenthèse, est affublé d’un certain justaucorps orange de la nuance la plus ébouriffante. La belle invention, que ces coups de poing et que ce justaucorps ! Le coloris général est à l’avenant. C’est aussi, pour innover sans doute que M. Janmot rassemble autour du Sauveur, dans le jardin des Oliviers, Néron, Voltaire, les apôtres, Calvin, Marat, des Polonais (on en met partout), Henri VIII. Savonarole et une foule d’autres personnages fort surpris de s’y rencontrer. Pure caricature !

On pourrait faire remarquer à MM. Timbal et Casey, qui ont traité le même sujet, que, sans s’astreindre servilement à la rubrique et au texte sacré, il est bon néanmoins de suivre dans ces sortes de compositions certaines données générales, faute desquelles on s’expose à n’être pas compris. Dans un Christ aux Oliviers, par exemple, le bosquet d’oliviers est un accessoire nécessaire. Ces messieurs ont cru pouvoir se passer de ce poétique détail, je ne sais trop pourquoi, et le spectateur hésitant ne devinerait jamais le sujet de la scène sans le secours du livret.

Dans la Visitation de M. Lecomte, il n’y a guère qu’un fond de paysage assez agréable. M. Colas est celui qui a su le mieux rhabiller son thème. Sa composition est convenable, son dessin régulier, et le ton général de son tableau d’un gris qui ne choque pas la vue, comme la couleur tapageuse de M. Coutel ; mais rien de plus vulgaire que ses airs de tête. Quant à M. Galimard le Byzantin, qui ne compte pas moins de dix-huit tableaux, cartons ou dessins au salon, on ne sait jamais s’il fait, de la peinture à l’huile ou des vitraux. M. Galimard devrait bien enfin prendre un parti. Au point de vue archéologique, son Jésus-Christ en manteau de pourpre, couronné du nimbe d’or, a certainement