Quand j’étais petit garçon,
Hé ! oh ! le vent et la pluie,
La pluie tombait et le vent soufflait,
Hé ! oh ! hé ! oh !…
« Elle s’arrête court et dit :
« — Papa, il y a un petit garçon dans la salle.
« Kitty ne peut-elle chanter un autre vers ? dit Ernest en prenant son petit pied et le baisant.
« Kitty rabaissa gravement sa robe avec ses mains, s’arrangea et regarda son père avec anxiété.
« — Papa, il y a un pauvre enfant dans la salle.
« — Oui, mon amour, chantez encore.
« — Papa, le petit garçon est dans la salle.
« — Vous n’avez pas fini, Kitty, dit Mme Ernest.
« Pour toute réponse, Kitty se retourna, et, s’aidant des revers de l’habit de son père, elle se mit debout sur ses genoux. Dans cette position, elle arrivait juste à la figure de M. Chandos, et, approchant sa petite bouche de son oreille, elle murmura :
« — Si, vous venez avec moi chercher le petit garçon, je… vous… donnerai… un baiser.
« — Deux, dit M. Chandos.
« Elle reprit d’un petit air fin :
« — Un petit enfant, un baiser.
« Elle s’était pendant ce temps-là laissé glisser le parquet et tirait de toutes ses forces son père par la main.
« — Venez, papa, venez !
« — Il n’était pas accoutumé à lui résister long-temps ; la petite enfant entraîna bientôt l’homme à travers la porte. »
La jolie petite fille rencontre en effet le petit garçon, seul, taciturne, sauvage, dans la salle. Elle l’apprivoise peu à peu par ses cajoleries ; mais les autres enfans viennent aussi dans la salle, suivis des parens. Une des sœurs de Calantha défend à ses enfans de jouer avec Gédéon. Lucilla, la mère de la petite Kitty, se moque de cette prude susceptibilité. Il y a une petite rixe, un échange de mots vifs et amers. Julia appelle Gédéon un mendiant.
« Gédéon était debout, les yeux fixés sur les interlocuteurs, avec une expression d’épouvante et de profonde détresse sur la figure ; à la fin, il s’approcha de Calantha et, le cœur gros, il dit :
« — Gédéon n’est pas un mendiant, les mendians ont des haillons.
« À ce mot, Lucilla jeta un regard autour d’elle et se mit à rire.
« — Non, pour sûr, enfant, dit-elle en regardant dédaigneusement sa sœur, dont le mari passait pour avoir des affaires dérangées. Pas de mendians sans haillons !
« Mais Calantha ne fit pas de réponse ; elle posa seulement sa main amaigrie sur la tête du petit garçon.